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-La rébellion du FFS en 1963 était-elle une réponse des dirigeants du parti à ceux qui ont confisqué l'indépendance de l'Algérie au peuple algérien ? Effectivement. C'était une révolte contre la prise du pouvoir (Ahmed Ben Bella, ndlr) par les armes. Vous savez, la légitimité a été confisquée au Congrès de Tripoli. La session a été levée et tout a été ficelé. Il s'agissait là d'un coup d'Etat. C'est le quatrième coup d'Etat d'ailleurs. Le premier a été organisé contre le gouvernement du GPRA de Ferhat Abbas, le deuxième contre Youcef Ben Khedda, sans oublier celui concernant le système d'organisation interne des Wilayas historiques. Il faut savoir que toute Wilaya était libre dans son organisation interne. Nous étions rattachés à l'état-major qui était, en cette période de guerre, à l'étranger. Même la collaboration entre les Wilayas n'était pas obligatoire. Personnellement, j'ai collaboré avec les dirigeants de la Wilaya III, et ce, vu la situation géographique qui nous liait. Cependant, le colonel Houari Boumediène à cette époque était en Egypte, où il avait vécu le coup d'Etat et la prise du pouvoir par Djamel Abdel Nasser. Je vous affirme que Boumediène avait utilisé le même procédé, ici, en Algérie. Je connais quelqu'un, un certain Salah Zamoum, qui était revenu déçu de la Tunisie. Il avait un livre, un carnet intitulé Les faux-monnayeurs, Boumediène pour moi, fait parti des faux-monnayeurs. Est venue par la suite l'affaire de Ben Bella, et vous connaissez la suite. -Donc, pour vous, la légitimité de la prise du pouvoir n'a jamais existé en Algérie ? A ce jour. Et cela reste un grand point d'interrogation. -Racontez-nous les conditions exactes de la création du FFS ? J'ai déjà évoqué ce cas plusieurs fois, même à la conférence d'aujourd'hui. C'est contre la prise du pouvoir par les armes. Et sachez une chose, à cette période, le FFS n'avait pas de projet de société, contrairement à maintenant. Tous les partis politiques ont leur propre projet de société. -Mais ne pensez-vous pas que le FFS a changé sa ligne et sa position ? (Il hésite, ndlr). En 1963, nous n'avions pas d'institution. Mais je vous confirme que depuis, le FFS a son projet qui est propre à lui. -Comment voyez-vous l'avenir politique de l'Algérie ? La logique est d'avoir des institutions dignes de ce nom. Si nous avions eu des instituions souveraines et légitimes, nous n'en serions pas arrivés là. Nos institutions doivent être respectées. La Constitution en Algérie se modifie dans les chambres noires. Pourquoi procède-t-on à un tel changement uniquement lors des rendez-vous électoraux ?