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Bouteflika libéralise les médias algériens

En Algérie, pays qui se targue d'avoir «la presse la plus libre du monde arabe», le pouvoir exerce néanmoins un contrôle étroit des médias. Conscient que les révolutions arabes ont une grande résonnance dans le Maghreb, et face aux protestations du peuple, le gouvernement Bouteflika vient de décider d’octroyer de nouvelles libertés à l'information.

Le quotidien algérien El Watan évoque le 14 septembre cette nouvelle libéralisation des médias du pays. Dorénavant, l’Etat permettra aux télévisions privées et aux radios libres d'émettre —une première depuis l'indépendance du pays en 1962, rappelle BBC News Africa.

Cependant, le pouvoir ne souhaite pas délivrer des autorisations à tous les candidats désireux de créer une chaîne. Le sésame sera accordé «sur la base d’une convention conclue entre la société algérienne de droit privé concernée et une autorité de régulation de l’audiovisuel, validée par une autorisation délivrée par les pouvoirs publics».

La libéralisation des médias algériens est également assortie de la dépénalisation du délit de presse ainsi que suppression des peines privatives de liberté.

La nouvelle est accueillie avec méfiance par les journalistes algériens. Kamel Amarni, secrétaire général par intérim du Syndicat national des journalistes (SNJ), estime que cette décision ne profitera qu’à un petit groupe proche du pouvoir:

«Cette ouverture, qui exclut de son champ les médias publics, ne profitera qu’aux puissances de l’argent.»

Belkacem Mostefaoui, professeur et directeur adjoint de l’Ecole supérieure de l’information et la communication à Alger, partage l’avis d’Amarni:

«C’est un leurre. Sous couvert d’ouverture, le pouvoir ne cherche qu’à faire profiter les copains et les coquins proches du château, les premiers qui seront servis quand il sera question de création de chaînes privées.»

Pour Mustapha Aït Mouhoub, journaliste à l’agence Algérie Presse Service, le projet de loi ne va pas assez loin:

«Soit on ouvre complètement en mettant des garde-fous, soit on continue à verrouiller le paysage, mais on ne peut se satisfaire de demi-mesures.»

Le président Abdelaziz Bouteflika a déclaré que ces changements, qui font partie des réformes annoncées dans son discours du 15 avril dernier, devraient encourager la démocratie. La loi sera effective après le vote du parlement.

Lu sur El Watan, BBC News Africa