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Les cornes d'éléphants, les nouveaux diamants de sang
Les braconniers ont une nouvelle méthode: l'empoisonnement des éléphants au cyanure.
La nouvelle a produit le même effet que la déflagration d’une bombe. Quelques jours après la découverte d’une dizaine d’éléphants morts dans le parc de Hwange, le plus grand parc animalier du Zimbabwe, la consternation et la colère ne cessent de grandir. Ceci d’autant plus que cela porte à une centaine le nombre d’éléphants tués, explique l’autorité en charge des parcs nationaux dans ce pays.
Ce qui choque aussi, rapporte le site d’information Bulawayo24, c’est d’apprendre que ces animaux ont été empoisonnés au cyanure, selon toute vraisemblance par des braconniers. La méthode n’avait jamais été utilisée jusqu’ici, car les éléphants, le plus souvent, étaient abattus.
Si cette méthode inquiète (elle est silencieuse et sournoise), l’on se demande tout de même comment il est possible en pratique d’empoisonner un éléphant, au cyanure de surcroît.
En réalité, pour ce qui concerne le parc national animalier de Hwange, cela est tout à fait possible (et malheureusement assez simple). Selon le site Afrik.com, le parc ne dispose que d’une cinquantaine de rangers qui patrouillent à pied une superficie de 14 mille kilomètres carrés. Dans ces conditions, l’on comprend qu’il soit difficile d’avoir un œil sur chaque animal et qu’il soit surtout aisé pour les braconniers de pénétrer le parc et d’empoisonner l’herbe dont se nourrissent les éléphants.
Au-delà du drame et de la menace perpétuelle que représente le braconnage sur l’écosystème, c’est d’abord la question des moyens déployés pour la sécurité des parcs qui est posée. Les responsables du parc de Hwange, l’un des plus importants pour la faune en Afrique australe, présente d’ailleurs ce site comme un «sanctuaire», c’est-à-dire, «un espace bénéficiant de mesures assurant sa protection, avec une dimension de sauvegarde, d’intangibilité».
Il semble que cela n’ait pas marché, puisque, en un mois, les braconniers ont donc réussi à tuer une centaine d’éléphants pourtant censés être protégés. Le 16 octobre, un homme a écopé d’une peine de 15 ans de prison. Il a été reconnu coupable de faire partie d’un réseau de braconniers aux méthodes de plus en plus barbares. Mais, là encore, comment se fait-il que n’importe quel individu puisse disposer aussi facilement de cyanure?
Le gouvernement zimbabwéen a ouvert une enquête auprès des habitants de Tholotsho, un village voisin du parc, après que le chef traditionnel a admis que certains de ses administrés ont empoisonné les éléphants, rapporte encore Bulawayo24.
«C’est à cause de la pauvreté, pas par cupidité», auraient-ils indiqué.
Le continent connaît une résurgence du braconnage des éléphants ces dernières années. Leur ivoire est exporté vers l’Asie et le Moyen-Orient, en dépit d’une interdiction depuis 1989. Ce qui fait dire au Global Post que les «défenses d’éléphants sont les nouveaux diamants de sang».
Lu sur Bulawayo 24