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Côte d’Ivoire - Offensive médiatique de Gbagbo
Laurent Gbagbo poursuit tant bien que mal sa conquête du pouvoir présidentiel en s’attaquant aux médias, et plus particulièrement en bâillonnant la presse onusienne.
Reporters sans frontières rapporte que le 4 février 2011, un décret présidentiel signé Gbagbo a démis de ses fonctions Eugène Dié Kacoule, président du Conseil national de la presse (CNP), ainsi que l’ensemble du conseil d’administration. Dans la foulée, Débi Dally est nommé pour prendre les rênes du Conseil. Cet ancien directeur de l'Agence ivoirienne de presse (AIP) ne se cache pas d’être un proche collaborateur de Gbagbo.
Preuve en est, le soir du 9 février, le Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA) a interdit à Onuci FM, la radio des Nations Unies en Côte d’Ivoire, d’émettre sur les ondes nationales.
Dans un communiqué officiel, Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans Frontières, exprime sa «très vive inquiétude face au tour de vis donné par le gouvernement de Laurent Gbagbo sur le secteur des médias […] qui vient de procéder à un véritable accaparement d’un organe pourtant reconnu pour son sérieux et son impartialité. […] Une telle manœuvre risque de renvoyer la Côte d’Ivoire vingt ans en arrière en ce qui concerne la liberté de la presse».
Faisant fi des injonctions du CNCA, la radio continue d’émettre. Sylvain Sémilinko, son directeur, confiait à RFI:
«Dans l’ensemble, la radio continuera à éxécuter son mandat conformément au mandat de l’Onuci conféré par le Conseil de sécurité. Les journalistes sont là, ils viennent présenter le journal. On travaille presque 24h sur 24».
Au début du mois de décembre 2010, l’issue de l’élection présidentielle ivoirienne avait vu la promulgation de deux présidents. D’un côté Alassane Ouattara, soutenu par la Communauté internationale et la Commission électorale indépendante (CEI). De l’autre côté, Laurent Gbagbo, président sortant reconnu par le Conseil constitutionnel.
Depuis lors, les tensions sont vives entre les deux camps, qui ne parviennent pas à trouver un terrain d’entente. Gbagbo ne cesse d’accuser la Communauté internationale —représentée par l’ONU— de favoriser le clan Ouattara à ses dépens.