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Travaux de la quinzième tripartite : le discours sans la méthode
La quinzième tripartite, annoncée depuis plusieurs semaines comme un grand Grenelle de l'industrialisation et de l'investissement, n'a finalement abouti qu'à la mise en place de groupes de travail censés rendre des décisions ultérieurement. Entre un Premier ministre à l'agenda visiblement chargé, un patronat miné par des guéguerres de leadership et une centrale syndicale définitivement acquise à la cause du pouvoir, la tripartite, ouverte et clôturée avant-hier à Djenane El Mithak, à Alger, n'a rendu en définitive qu'une pâle copie. Encore des groupes de travail A l'issue de la rencontre, le communiqué officiel diffusé par les services du gouvernement annonce, comme seule décision claire, la mise en place de cinq groupes de travail chargés de se pencher, un peu plus tard, sur les mêmes grandes questions de développement objets de cette rencontre tripartite.Les cinq groupes de travail en question, indique le communiqué, seront chargés respectivement d'«élaborer le pacte économique et social de croissance», de «proposer les modalités de contribution du Fonds national d'investissement (FNI) au financement de l'investissement national public et privé», de «concevoir une démarche «d'encouragement de la production nationale», de se pencher sur «l'encadrement des actes de gestion» et enfin de «proposer les modalités facilitant l'intervention des entreprises nationales du BTPH dans la réalisation du programme national d'équipement». Selon les engagements du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, des résolutions autour de ces différents axes de travail devront être arrêtées dans une échéance qui ne devra pas dépasser les trois mois. Dans son allocution d'ouverture, le Premier ministre, qui ne manquait bien évidement pas d'insister, à chaque fois, sur le bien-fondé des orientations du président de la République, a surtout martelé que la création d'une base industrielle pour réduire les importations et diversifier les exportations devra désormais être au c½ur des politiques économiques à venir. Dans la pratique, rien de bien concret n'a été avancé, si ce n'est l'attachement indéfectible du gouvernement à maintenir, telle quelle, la fameuse règle des 51/49% pour les investissements étrangers, le réaménagement du statut de l'Agence nationale pour le développement de l'investissement (ANDI), la non-remise en cause du crédit documentaire (crédoc), ainsi que quelques volontés d'améliorer le climat des affaires et de mettre l'entreprise au c½ur de la stratégie économique du pays. Pas moyen d'endiguer les importations ? Interpellé par le secrétaire général de l'UGTA sur la nécessité de mettre un terme à l'importation de biens de consommation concurrençant la production locale, le Premier ministre a indiqué qu'il n'est absolument pas dans l'intention du gouvernement de procéder par l'interdiction mais seulement par un contrôle plus sévère du commerce extérieur. Selon lui, il s'agit surtout de sévir contre les pratiques frauduleuses dans les activités de commerce extérieur et de lutter contre les fuites de devises, au moment, a-t-il admis, où les exportations sont en baisse et les importations en hausse, ce qui accroît sérieusement la vulnérabilité de la balance des paiements extérieurs. Aussi, promet M. Sellal, l'Etat est désormais engagé dans une transition économique visant non seulement à mettre en place une politique de substitution à l'importation par une production nationale, mais aussi à «insérer l'économie nationale, à travers les exportations, dans les échanges internationaux». Hormis ce discours officiel qui promet des lendemains qui chantent pour l'économie nationale, rien de bien plus notable n'est ressorti de la tripartite d'avant-hier, les organisations patronales s'étant embourbées dans des litanies de menues propositions sans orientation claire et la centrale syndicale se contentant de soutenir l'action du gouvernement. Intervenant à quelques mois de l'élection présidentielle, la quinzième tripartite semble, en définitive, avoir surtout servi à amorcer un consensus autour de l'action du pouvoir en place.