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Ne vous inquiétez pas, l’Oncle saoudien est l

Washington a confirmé le gel partiel de l'aide financière des États-Unis à l'armée égyptienne. Mais, depuis le coup d'État, les militaires comptent sur un autre généreux donateur: l'Arabie Saoudite.

Ministre saoudien des Affaires étrangères, le Prince Saoud al-Faisal, le 5 janvier 2013, à Riyad. REUTERS/Stringer

Pour sa première visite à l'étranger, le président égyptien par intérim, Adli Mansour, n'a pas choisi les États-Unis, le bon vieil ami de trente ans. Mais l'Arabie Saoudite,  nouveau chaperon de l'Égypte post-Frères musulmans. Riyad a été l'un des premiers pays à applaudir la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, ainsi que le retour de l'armée aux commandes du pays. En guise de soutien, les dirigeants saoudiens ont promis 5 milliards de dollars au gouvernement égyptien, deux fois plus que l'aide américaine allouée chaque année à l'armée égyptienne. L'Arabie Saoudite, contrairement aux États-Unis,  s'est clairement positionné après le coup d'État contre Mohamed Morsi. Le message est clair : Riyad soutient l'armée et son combat contre les terroristes, a rappelé le roi Abdallah lors de la visite de son homologue égyptien, lundi 7 octobre.

Alors que le pays est en proie à de nouveaux épisodes de violence entre Frères musulmans et forces de sécurité, le prince héritier Salmane ben Abdel Aziz, vice-Premier ministre et ministre de la Défense de l’Arabie Saoudite, se veut rassurant : « l'Égypte est entre de bonnes mains »,a -t-il dit.

Le choix de l'armée par la monarchie pétrolière est antérieure au Coup d'État, comme le rappelle le chercheur Stéphane Lacroix dans une interview aux Clés du Moyen-Orient : « dès 2012, [l'Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis] ont montré la plus grande hostilité aux Frères, considérés notamment comme étant à l'origine d'un supposé complot contre l'Etat émirien qui a donné lieu début 2013 à des arrestations suivies de lourdes condamnations. L'annonce des pays du Golfe, quatre jours après le coup d'Etat, d'une aide à l'Egypte de 12 milliards de dollars était certainement déjà préparée avant le 30 juin en concertation avec les différents acteurs de la mobilisation anti-Morsi et du coup d'Etat. »

Le 25 août dernier, moins de deux semaines après la répression dans le sang des partisans de Mohamed Morsi au Caire, un écrivain saoudien écrivait dans les colonnes du quotidien al-Hayat, les raisons qui, selon lui, motivent le soutien de l'Arabie Saoudite à l'armée égyptienne. Tout d'abord, l'histoire. Il rappelle que le soutien de Riyad au général Abdel Fatah al Sisi,  l'homme aux allures de futur président, n'est pas une surprise. Depuis près de quatre décennies, les deux pays partagent une relation d'une immuable constance. Plus loin, l'auteur pointe du doigt les tergiversations de l'administration américaine sur le dossier égyptien qui mettait, d’après lui, en péril la stabilité de l'Egypte. L'Arabie Saoudite, biologiquement opposé à tous les mouvements de contestations qui ont éclaté dans la région,  a fait le choix d'un retour à l'ordre militaire.

Mais l'implication des États du Golfe et de l'Arabie saoudite n'induit pas forcément un transfert d'influence de Washington à Riyad. Les États-Unis ont certes annoncé, mercredi 9 octobre, le gel de fourniture de gros matériels militaires et de son assistance financière «en attendant des progrès crédibles vers un gouvernement civil démocratiquement élu». Mais on imagine mal Washington abandonner un Etat pilier de sa diplomatie dans le monde arabe.

Depuis de longues décennies, l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis ont été, de concert, des alliés de l'Egypte. Comme le souligne un spécialiste militaire égyptien, les Etats-Unis ont besoin de maintenir l'Egypte dans leur orbite. En jeu, le survol de l'espace aérien égyptien, la protection des bases navales sur le canal de Suez, la sécurité d'Israël...On n'efface pas trente ans d'amitié comme ça. Depuis 1979, selon le Service de recherche du Congrès (CRS), 68 milliards de dollars ont été versés par Washington au titre de l'aide militaire bilatérale, ce qui fait de l'Égypte le deuxième bénéficiaire au monde, derrière Israël.

Nadéra Bouazza

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