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Egypte: Les Etats-Unis gèlent une partie de leur aide avant le procès de Morsi

Après des mois d'atermoiement, les Etats-Unis ont officiellement gelé mercredi une partie de leur aide à l'Egypte, en représailles à la répression visant les partisans du président destitué Mohamed Morsi, dont le procès pour "incitation au meurtre" s'ouvrira le 4 novembre.

Le "recalibrage" de l'aide américaine --1,5 milliard de dollars dont 1,3 milliard d'aide militaire chaque année-- passe par l'arrêt de la fourniture d'équipements lourds et de son assistance financière au gouvernement "en attendant des progrès crédibles vers un gouvernement civil démocratiquement élu", a indiqué mercredi la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki.

Depuis le 3 juillet, avec la destitution du président Mohamed Morsi et la répression qui a suivi, l'administration de Barack Obama était sous pression pour réduire l'aide versée chaque année au Caire. A la mi-août, Washington avait déjà annulé des exercices militaires conjoints avec l'Egypte et reporté la livraison de quatre avions de combat F-16 à l'armée égyptienne.

Les Etats-Unis n'ont jamais qualifié le renversement de M. Morsi de "coup d'Etat", ce qui les aurait légalement contraints à mettre fin à leur aide, mais ils ont condamné une répression "regrettable", demandé la libération de l'ex-président et réclamé la levée de l'état d'urgence et des élections démocratiques en 2014.

Parmi les matériels qui ne seront plus livrés à l'armée égyptienne, figurent des hélicoptères Apache, des chasseurs F-16, des missiles Harpoon ou des pièces de chars d'assaut A1/M1 Abrams, ont précisé des responsables américains. Ce gel n'a toutefois pas vocation à être permanent, ont-ils ajouté, sans donner de chiffres précis sur le montant de l'aide gelée, se contentant de souligner que ces armements valaient "des centaines de millions de dollars".

La décision --annoncée mercredi en fin d'après-midi à Washington-- a été présentée par le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel au général Abdel Fattah al-Sissi, le nouvel homme fort de l'Egypte depuis la destitution de Mohamed Morsi, au cours d'un coup de téléphone d'une quarantaine de minutes, décrit par des responsables américains comme "très amical". Elle n'a toutefois suscité aucune réaction du Caire dans l'immédiat.

"Servir au mieux nos intérêts"

 

En Egypte, l'annonce par l'agence officielle Mena que le procès de Mohamed Morsi, poursuivi pour "incitation au meurtre" de manifestants, s'ouvrirait le 4 novembre fait craindre de nouvelles tensions. L'ex-président comparaîtra devant un tribunal du district du Caire aux côtés de 14 autres personnes pour la mort de manifestants le 5 décembre 2012.

M. Morsi, destitué et arrêté par l'armée le 3 juillet après des manifestations monstres réclamant son départ, est accusé d'avoir "incité ses partisans à commettre des meurtres prémédités" lors de heurts devant le palais présidentiel au Caire, selon Mena.

Le procès de M. Morsi, détenu au secret depuis sa destitution, pourrait attiser la colère de ses partisans, dans un contexte de fortes tensions: des heurts opposant des islamistes aux forces de l'ordre et des habitants ont fait 57 morts dimanche, en marge de manifestations réclamant le retour du premier président élu démocratiquement en Egypte.

Depuis la destitution de M. Morsi, les autorités installées par l'armée ont lancé une répression implacable contre les Frères musulmans, qui a connu son paroxysme le 14 août, lorsque l'armée et la police ont dispersé dans un bain de sang deux campements pro-Morsi. Depuis, plus d'un millier de personnes ont été tuées et plus de 2.000 islamistes arrêtés, dont la quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans, dont les "activités" ont été interdites le 23 septembre par la justice, qui a aussi ordonné la confiscation de leurs biens. 

Après les heurts de dimanche, plusieurs attaques ont visé en début de semaine la police et l'armée, faisant une dizaine de morts parmi les forces de l'ordre. Mercredi, une bombe a endommagé un bâtiment désaffecté de l'armée dans la péninsule du Sinaï.

M. Morsi, qui a dirigé le pays durant un année marquée par de fortes divisions au sein de la population, sera le deuxième président égyptien à comparaître devant la justice pour le meurtre de manifestants. Son prédécesseur Hosni Moubarak, qui a dirigé l'Égypte durant 30 ans, est jugé pour "complicité de meurtres" de manifestants lors de la révolte qui l'avait renversé en 2011.

 

AFP

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