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Chrétiens d'Egypte: l'Etat a failli
Un rapport d'Amnesty international, publié le 9 octobre 2013, enjoint les nouvelles autorités égyptiennes à protéger les coptes.
Il y a deux ans jour pour jour, l'armée réprimait violemment une manifestation de coptes dans le quartier de Maspero, au Caire. Le 9 octobre 2011, des milliers de coptes avaient manifesté pour protester contre l'incendie d'une église dans le gouvernorat d'Assouan (Sud) avant que la marche ne dégénère en affrontements avec les soldats stationnés devant la télévision d'État. Pendant que les télévisions publiques accablaient les coptes en les présentant comme des meurtriers, d'autres images montraient des chars de l'armée égyptienne rouler à toute vitesse sur des manifestants. Le bilan officiel est de 28 morts.
Ce 9 octobre 2013, l'organisation Amnesty international évoque un autre épisode: le 14 août dernier, à la suite de la dispersion meurtrière de deux camps pro-Morsi au Caire, des bâtiments coptes, des églises, des écoles, des commerces ont été attaqués par des partisans de l'ex-président islamiste, destitué par l'armée le 3 juillet 2013.
Le rapport d'Amnesty dénonce l'inertie des forces de sécurité qui ne sont pas intervenus pour empêcher les attaques sectaires.
«Il est extrêmement troublant qu'à travers toute l'Égypte la communauté chrétienne ait été prise à partie par des sympathisants du président destitué Mohamed Morsi qui voulaient se venger pour les événements du Caire», observe Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.
Au regard des tensions qui ont suivi la destitution de Mohamed Morsi, les autorités auraient dû prévoir de telles retombées sur les coptes, principalement en Haute Egypte, poursuit le rapport.
«Pourquoi, quand il y a un problème, les chrétiens en font-ils toujours les frais?, s'insurge un copte du gouvernorat de Fayoum. Qu'est-ce que nous avons à faire avec les événements du Caire pour être punis ainsi?»
Pour Amnesty International, la nature sectaire des attaques ne fait aucun doute. Des propriétés coptes ont été vandalisés, en représailles de l'assaut sanglant mené contre les partisans des Frères musulmans qui a fait des centaines de morts. «Ils ont tué nos frères pendant la prière», était gribouillé sur un mur. Amnesty enjoint les autorités égyptiennes à ouvrir une enquête indépendante et de poursuivre les responsables. Rappelons que deux ans après le massacre de Maspero, aucun responsable militaire n'a été inquiété par la justice égyptienne.
Comme le rappelle un écrivain dans les colonnes du Monde: «Une Egypte sans les coptes ne pourrait plus être l'Egypte.»
Lu sur Amnesty international