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Amnesty International : Publication d’un rapport sur le décès de Faycal Baraket, torturé en 1991
Il y a quelques jours Samir Dilou, ministre des Droits de l’Homme et de la Justice Transitionnelle, intervenait au sein de l’ANC et déclarait que
La torture persiste encore en Tunisie dans les centres de détention. Le respect des droits de l'Homme est obligatoire même si la sécurité nationale est menacée.
Alors que la révolution a eu lieu et que de nombreux hommes politiques au pouvoir aujourd’hui ont été victimes de torture, la mobilisation politique autour de ce sujet reste très faible en Tunisie où il est plus facile de parler des crimes du passé que de ceux du présent. Et comme souvent c’est la société civile qui tente de faire avancer les choses.
Ainsi Amnesty International vient de publier un rapport sur le décès de Faysal Baraket, étudiant tunisien mort en garde à vue en 1991.
Faysal Baraket, membre du parti d'opposition islamiste Ennahda, interdit à l’époque, avait été arrêté le 8 octobre 1991 après avoir critiqué les autorités tunisiennes. Il était décédé suite à des actes de torture mais les autorités ont toujours nié cette réalité, arguant qu’il avait trouvé la mort dans un accident de voiture.
Pourtant Amnesty International avait, à l’époque déjà, recueillit des témoignages donnant à penser que Faysal était décédé suite à de nombreux actes de torture. Aucune enquête sérieuse n’avait été menée à l’époque par les autorités tunisiennes.
Son corps a finalement pu être exhumé en mars 2013 pour recueillir des éléments prouvant les actes de torture.
« Le cas de Faysal Baraket montre comment les forces de sécurité ont torturé des dissidents pendant des années puis ont nié et étouffé ces affaires, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International. Il fait apparaître à quel point il est urgent de réformer les forces de sécurité et la justice, qui ont joué un rôle central dans le traitement de ce dossier. »
Si le travail de l’organisation permet de mieux comprendre les raisons de la mort du jeune étudiant il faut maintenant qu’une procédure judiciaire voit le jour, c’est dans ce sens qu’Amnesty a publié hier un communiqué intitulé : Tunisie. Justice doit être rendue après l'exhumation du corps d'une victime de la torture.
Par ailleurs pour l’organisation cette affaire met en évidence l’importance du rôle des légistes indépendants pour s’assurer que les expertises médicolégales soient menées correctement et pour que la vérité soit rendue publique.
Pour que d’autres affaires soient élucidées la question de l’ouverture des archives de la police politique se pose en Tunisie. Dans un communiqué le ministre des Droits de l’Homme a expliqué que cela était du ressort de la commission Vérité et dignité qui sera créée après l’adoption du projet de loi organisant la justice transitionnelle.
Sana Sbouai