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Cent jours sans…
La composition du nouveau gouvernement Benkirane devrait être connue dans les prochaines heures ou les quelques jours à venir, tout au plus. On imagine mal, en effet, que la session parlementaire d'automne s'ouvre sans la présentation préalable de l'équipe Benkirane 2…
Mais l'intervalle, exceptionnel dans l'histoire de la vie politique nationale, entre la présentation de la démission des ministres istiqlaliens et l'annonce d'une mouture remaniée et agrémentée d'un nouvel arrivant dans la coalition majoritaire, le RNI, inspire assurément quelques réflexions…
La première qui vient à l'esprit est que ce long intermède aura servi à démontrer aux Marocains que le pays, volens, nolens, «tournait » même en l'absence d'une majorité stable, avec un gouvernement minoritaire et fortement chahuté par un ancien allié (l'Istiqlal de Chabat en l'occurrence). Si l’on a voulu prouver, à travers cet « exercice », qu'un gouvernement, quels qu'en soient d'ailleurs la composition et le leadership, pouvait vaquer aux affaires courantes sans dommage excessif pour le Royaume, alors la preuve a été amplement administrée.
A cette preuve irréfutable, on a même rajouté une épaisse couche de ridicule, lequel, fort heureusement, ne tue pas…
Comment, en effet, décider tout à la fois de l'application de l'indexation des prix du carburants le 16 septembre à 00H, à la seconde même d'applicabilité du décret, et le maintien de l'horaire d'été un samedi après-midi, à quelques heures d'un changement largement annoncé les semaines précédentes. Cette « modification », d'ailleurs, a induit des perturbations toute la journée du dimanche suivant et montré, si besoin était vraiment de le faire, l'amateurisme excessif de cette équipe gouvernementale évidemment plus à l'aise dans le verbe que dans l'action…
Vacuité sidérale
La seconde réflexion que dicte ce « feuilleton » incroyable de la recherche d'une nouvelle coalition majoritaire, tient à l'image de rare incompétence et d'absence de crédibilité instillée dans l'esprit de nos concitoyens par les comportements des partis politiques nationaux.
Le PJD, qui a consciencieusement savonné la planche du RNI pendant plusieurs mois, voire années, a appelé le parti de la Colombe à la rescousse, et celui-ci a volé vers les «barbus conservateurs » à tire d'aile, soucieux sans doute de nous donner le même sentiment d'opportunisme politique que celui délivré en son temps par le PPS (ex-communiste), lors de la formation de la première coalition majoritaire.
Mais les autres formations ne valent guère mieux, puisque l'Istiqlal quitte un gouvernement qu'il a contribué à former sans raison vraiment valable, alors que l'USFP de Lachgar oublie que ce dernier fut le premier homme politique de « gauche » à proposer une alliance avec les islamistes et que le PAM, impassible parce qu'autiste, accepte sans broncher que le co-fondateur (le RNI) du canular politique marocain du siècle, le fameux G-8, sauve la mise du PJD, jusque-là ennemi irréductible commun…
Ne parlons point de l'UC qui, pour exister, est prête à toutes les compromissions, et encore moins du MP, qui n'a d'autre mission institutionnelle que de boucher les trous, au gré de la volonté des vrais décideurs !
Tous ces constats ne servent en fait qu'une seule évidence, à savoir l'absence de sérieux, de compétence, de ligne politique claire et affirmée chez l'écrasante majorité des dirigeants politiques de ce pays.
Leurs partis, qui évoluent au gré des ambitions et des calculs égoïstes, ne sont ni efficaces, ni crédibles, car par les configurations successives qu'ils ont données au pouvoir exécutif, ils ont accrédité l'idée qu'ils constituaient, tout au plus, de simples outils et instruments.
Cela, assurément, ne sera pas oublié lors des prochaines élections et le taux de participation s'en ressentira certainement.
Cent jours sans gouvernement véritable aura, ainsi, démontré que nos partis politiques sont, tous, interchangeables et malléables à souhait.
Mais en doutions-nous vraiment ?
Fahd YATA