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Naufrage à Lampedusa: et si on cessait de criminaliser l'immigration?
Le naufrage de Lampedusa ravive le débat sur la politique européenne de l'immigration
Alors que l’Italie observe un deuil national, au lendemain du naufrage d’un bateau de migrants somaliens et érythréens, à Lampedusa, sur les côtes siciliennes, les recherches se poursuivent. Pour l’heure, l’on estime que le naufrage pourrait avoir coûté la vie à près de 300 personnes. L’embarcation transportait environ 500 personnes et, seulement 155 personnes ont pu être sauvées.
«Nous n’avons plus d’espoir de retrouver des survivants», a déclaré à l’AFP un membre de la Garde des finances, la police financière qui opère aussi dans le secteur.
Il s’agit de la pire tragédie de l’immigration de ces dernières années.
«On n’a plus de place, ni pour les vivants ni pour les morts, déclarait jeudi, effondrée, la maire de Lampedusa, Giusi Nicolini. C’est une horreur, une horreur; ils n’arrêtent pas d’apporter des corps».
Les recherches se concentrent autour de l’épave du bateau qui gît retournée par 40 mètres de fond à 0,3 mille nautique (550 mètres) des côtes.
Ce naufrage ravive le débat sur la politique européenne d’immigration.
«Il faut agir, en Europe et en Afrique», a martelé vendredi M. Alfano devant la chambre des députés. En Europe, le ministre entend changer des règles «qui font trop peser les pays d’entrée la charge de l’immigration clandestine», a déclaré le vice-premier ministre italien, Angelino Alfano.
Jeudi, il avait déjà réclamé que l’Italie, où ont afflué 25.000 migrants cette année (trois fois plus qu’en 2012), puisse étendre ses patrouilles «au-delà de ses eaux territoriales».
La ministre de l’Intégration Cécile Kyenge, première noire dans un gouvernement italien, a réclamé l’instauration de «couloirs humanitaires pour rendre plus sûres ces traversées sur lesquelles spéculent des organisations criminelles».
Le président Giorgio Napolitano a demandé à «l’Europe de stopper le trafic criminel d’êtres humains en coopération avec les pays de provenance» et réclamé «la surveillance des côtes d’où partent ces voyages du désespoir et de la mort».
Selon le réseau d’ONG Migreurop à Paris, en vingt ans, 17.000 migrants sont morts en tentant de rallier l’Europe. La dernière tragédie la plus meurtrière remonte à juin 2011, quand 200 à 270 migrants originaires d’Afrique subsaharienne et fuyant la Libye s’étaient noyés en tentant de gagner Lampedusa.
Slate Afrique avec AFP