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La Guinée Equatoriale dans les petits papiers de Washington

Ancienne colonie espagnole, la Guinée Equatoriale semble désormais plus proche des Etats-Unis —du moins en affaires, si l’on considère les récentes découvertes de gisements de pétrole qui font le bonheur de nombreuses compagnies américaines.

Des notes diplomatiques publiées le 10 février 2011 par le quotidien espagnol El Pais révèlent que «l’ambassade a pour objectif de réaffirmer la position des Etats-Unis et d’éviter que d’autres pays occupent les espaces stratégiques en Guinée Equatoriale».

L'administration Obama a exigé en 2009 une étude approfondie de ce pays «isolé et mal compris» afin de redéfinir sa politique envers le gouvernement d’Obiang. Les câbles diplomatiques rapportent cependant une continuité dans les échanges: la préoccupation des droits humains au second plan. Pour El Pais:

«Ce petit pays est important pour les Etats-Unis, et leur relation aspire à se renforcer avant les considérations sur le respect des droits humains qui, toujours selon les diplomates américains, entravent le rythme des relations diplomatiques de Malabo avec Madrid et Paris».  

Un télégramme du 13 mars 2009 revient sur la «préoccupation des droits humains» tout en insistant sur le fait que la Guinée Equatoriale «va vers une meilleure gestion des finances publiques, un objectif auquel contribue l’appui américain». Selon ce même télégramme, seules les ONG sur place et la presse espagnole sont responsables de la mauvaise réputation du pays en terme de respect des droits fondamentaux.

En matière de corruption, la Guinée Equatoriale se situe au 168e rang mondial (sur 178) d’après le classement 2010 de l’ONG Transparency International. Pourtant, l’ambassade américaine reconnaît brièvement «quelques preuves  qui montrent que la corruption est en baisse».

Parallèlement, un câble daté du 30 mars 2009 assure qu’en «moins d’une génération, un des pays les plus pauvres du monde est en train de devenir l’un des plus riches». En effet, entre 1999-2009 le PIB du pays a été multiplié par 10. Une croissance économique exceptionnelle impulsée par la découverte du champ pétrolier Zafiro en août 1996.

Pourtant, il semblerait que la répartition des richesses en oublie certains, puisque l’Indicateur de développement humain du pays (IDH) demeure au 118e rang mondial (sur 182). Et d’après l’institut universitaire de statistiques Perspective, la période 2002-2006 a enregistré une chute de 48% sur la part du PIB consacrée aux dépenses de santé publique.

Lu sur El Pais