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Des prisonniers aux mains des milices libyennes
Des milliers de personnes sont détenues dans des centres de détention administrés par des milices.
Près de deux ans après la chute du guide Mouammar Kadhafi, l'Etat libyen n'est pas totalement maître du pays. Toutes les milices formées entre février 2011 et octobre 2013 n'ont pas déposé les armes. Certaines contrôlent même des prisons dans lesquelles croupiraient des milliers de Libyens, rapporte le site Irin, d'après un rapport des Nations unies présenté au Conseil de sécurité début septembre.
Le rapport estime qu'environ 8.000 personnes sont détenues pour des infractions liées au conflit. Si une partie d'entre elles se trouve dans des établissements pénitenciers relevant de l'autorité du ministère de la Justice, les autres demeurent entre les mains de brigades armés qui agissent indépendamment de l'Etat libyen. Cette situation est jugée préoccupante par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon:
«Je suis vivement préoccupé par la lenteur et l'insuffisance des progrès s'agissant du transfert vers l'État des personnes qui sont sous la garde des brigades armées.»
Les Nations unies ont pris connaissance de preuves indiquant qu'au moins 10 détenus sont morts sous la torture et que personne n'a eu à répondre de ces actes. Les abus n'ont pas seulement eu cours dans les établissements non étatiques. Les actes de torture se poursuivent dans les centres de détention gérés par l'Etat libyen, dénoncent plusieurs organisations présentes sur le terrain.
«Nous sommes toujours dans une situation de révolution, plaide le ministre libyen de la Justice M. Marghani. Voyez le nombre d'armes qui circulent. Dans ce contexte, les contrôles sont forcément limités.»
Plusieurs procureurs et juges ont été agressés, un juge de haut rang assassiné devant le palais de Justice de Derna (Cyrénaïque), le 16 juin dernier, et les tribunaux de Syrte et de Benghazi ont été la cible d'attentats le 24 et 28 juillet 2013, énumère le rapport des Nations-unies.
A l'impasse sécuritaire s'ajoute le blocage constitutionnel qui paralyse le bon fonctionnement du gouvernement libyen. Les discussions sur l'élaboration de la Constitution patinent, ce qui n'arrange pas Tripoli dans ses négociations avec les grandes tribus.
Lu sur IRIN