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La municipalisation accélérée au Congo-Brazzaville : un bilan mitigé
Depuis janvier 2013, le département des Plateaux est le huitième et nouveau département bénéficiaire de la Municipalisation accélérée. Un programme de travaux d'intérêt départemental, dont la Délégation générale des grands travaux (DGGT), créée en 2002 et intégrée depuis 2012 dans le Ministère chargé de l'Administration du territoire, est le maître d'ouvrage délégué. À la clé, une série de chantiers, qui permettront, d'ici à cinq ans, de doter son chef-lieu Djambala et ses chefs-lieux de districts, d'infrastructures administratives et socio-économiques flambant neuf. Pour un coût de 438 milliards de FCFA, financés par le budget de l'État.
Lancé en 2004, avec pour ambition d'équiper et de moderniser les départements du pays afin de dynamiser leur économie et d'améliorer les conditions de vie des populations, ce programme, a déjà concerné neuf départements, choisis alternativement dans le nord et le sud du pays : Pointe-Noire et Kouilou (2004), Likouala (2005), Niari (2006), Cuvette (2007), Brazzaville (2008 à 2010), Cuvette Ouest (2011) et Pool (2012). Après les Plateaux, ce sera le tour de la Lékoumou en 2014, puis de la Sangha et de la Bouenza en 2015. Un an avant la présidentielle, la boucle sera donc bouclée.
Routes, voieries urbaines, dessertes agricoles, aéroports, ports fluviaux, édifices administratifs, logements pour fonctionnaires, centrales électriques, ouvrages hydrauliques, marchés, gares routières, écoles, centres de santé, stades... difficile de dénombrer les réalisations et les chantiers en cours, tant ils sont nombreux. Et visibles sur le terrain.
Des réalisations qui forcent l'admiration ou suscitent la critique, c'est selon. Peu de Congolais contestent la nature des ouvrages réalisés. En tout cas, pas ceux à vocation socio-économique, que d'aucuns trouvent toutefois insuffisants. « Il aurait fallu aussi construire des hangars de stockage pour les produits agricoles, avec des chambres froides », insiste cette agricultrice de Kinkala, le chef-lieu du Pool.
Sont également pointés du doigt les palais présidentiels - un dans chaque chef-lieu de département. Ou la taille de certains édifices - hôtels de préfectures, de sous-préfectures, de conseils de département, mairies et autres -, jugée parfois démesurée par rapport à l'importance démographique et économique de la ville bénéficiaire.
Autre critique, la standardisation des édifices, tous construits selon le même moule, une sorte de prêt-à-porter, sans originalité architecturale. Et dévoreurs d'énergie avec leurs hauts plafonds. Si des entreprises de BTP locales ont réalisé certains chantiers, des Congolais déplorent que le gros des marchés ait été confié aux entreprises chinoises.
Quant à ce conseiller économique au Ministère de l'Économie et du Plan, il regrette que 90 % du ciment utilisé pour construire routes et ouvrages soient encore importés. « Au lancement du programme, on ne pouvait pas faire autrement. Mais 8 ans plus tard, on importe toujours du ciment. Aucune nouvelle grande cimenterie n'a été construite et l'on n'a pas encouragé l'utilisation du bois local pour la finition des ouvrages, alors que nous disposons d'immenses carrières de calcaire et que nos scieries tournent au ralenti ».
À Owando, Chantal, réceptionniste dans un hôtel, souligne le peu d'emplois durables créés par la Municipalisation accélérée. « Depuis la fin des travaux, des jeunes qui ont acquis un savoir-faire dans les métiers de la construction, sont partis travailler dans les autres départements où la municipalisation a été lancée. Mais ceux qui sont restés, les plus nombreux, n'ont plus de travail ».
À sa décharge, le programme n'a pour vocation que de construire ou de réhabiliter des ouvrages, notamment des infrastructures de base, qui sont des préalables à l'essor des activités. Reste à concrétiser sur le terrain la politique de diversification et d'industrialisation du pays arrêtée dans le Plan national de développement 2012-2016 et à finaliser les mesures d'accompagnement qui favoriseront l'émergence de PME/PMI et, donc, la création d'emplois. D'aucuns n'hésitent pas à dire qu'après la municipalisation accélérée, il faudrait lancer une nouvelle municipalisation accélérée « économique ».|Muriel Devey(AEM)
Routes, voieries urbaines, dessertes agricoles, aéroports, ports fluviaux, édifices administratifs, logements pour fonctionnaires, centrales électriques, ouvrages hydrauliques, marchés, gares routières, écoles, centres de santé, stades... difficile de dénombrer les réalisations et les chantiers en cours, tant ils sont nombreux. Et visibles sur le terrain.
Des réalisations qui forcent l'admiration ou suscitent la critique, c'est selon. Peu de Congolais contestent la nature des ouvrages réalisés. En tout cas, pas ceux à vocation socio-économique, que d'aucuns trouvent toutefois insuffisants. « Il aurait fallu aussi construire des hangars de stockage pour les produits agricoles, avec des chambres froides », insiste cette agricultrice de Kinkala, le chef-lieu du Pool.
Sont également pointés du doigt les palais présidentiels - un dans chaque chef-lieu de département. Ou la taille de certains édifices - hôtels de préfectures, de sous-préfectures, de conseils de département, mairies et autres -, jugée parfois démesurée par rapport à l'importance démographique et économique de la ville bénéficiaire.
Autre critique, la standardisation des édifices, tous construits selon le même moule, une sorte de prêt-à-porter, sans originalité architecturale. Et dévoreurs d'énergie avec leurs hauts plafonds. Si des entreprises de BTP locales ont réalisé certains chantiers, des Congolais déplorent que le gros des marchés ait été confié aux entreprises chinoises.
Quant à ce conseiller économique au Ministère de l'Économie et du Plan, il regrette que 90 % du ciment utilisé pour construire routes et ouvrages soient encore importés. « Au lancement du programme, on ne pouvait pas faire autrement. Mais 8 ans plus tard, on importe toujours du ciment. Aucune nouvelle grande cimenterie n'a été construite et l'on n'a pas encouragé l'utilisation du bois local pour la finition des ouvrages, alors que nous disposons d'immenses carrières de calcaire et que nos scieries tournent au ralenti ».
À Owando, Chantal, réceptionniste dans un hôtel, souligne le peu d'emplois durables créés par la Municipalisation accélérée. « Depuis la fin des travaux, des jeunes qui ont acquis un savoir-faire dans les métiers de la construction, sont partis travailler dans les autres départements où la municipalisation a été lancée. Mais ceux qui sont restés, les plus nombreux, n'ont plus de travail ».
À sa décharge, le programme n'a pour vocation que de construire ou de réhabiliter des ouvrages, notamment des infrastructures de base, qui sont des préalables à l'essor des activités. Reste à concrétiser sur le terrain la politique de diversification et d'industrialisation du pays arrêtée dans le Plan national de développement 2012-2016 et à finaliser les mesures d'accompagnement qui favoriseront l'émergence de PME/PMI et, donc, la création d'emplois. D'aucuns n'hésitent pas à dire qu'après la municipalisation accélérée, il faudrait lancer une nouvelle municipalisation accélérée « économique ».|Muriel Devey(AEM)