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Somalie - Même dans le noir, les poissons gardent le rythme
Une horloge biologique qui fonctionne même après des millions d’années sans voir la lumière du jour? Improbable. Pourtant, selon une étude publiée dans PloS Biology, celle d'un poisson vivant dans des grottes souterraines en Somalie depuis près de 2,5 millions d’années fait toujours tic-tac.
Au fond de sa grotte, le Phreatichthys andruzzii n’avait plus franchement besoin de ses yeux, ni de sa jolie robe colorée. En évoluant, il s’est donc débarrassé du superflu. Il ressemble aujourd’hui à une espèce de têtard translucide et dépourvu d'orbites, donc aveugle.
Certes, le poisson somalien réussit à conserver un rythme jour/nuit, toutefois il subit un léger décalage horaire par rapport au cycle circadien classique. En effet, pour lui, une journée type dure 47 heures au lieu des traditionnelles 24 heures. C'est ce cycle qui permet à l'être humain et à la plupart des animaux de réguler leurs journées, grâce à l'alternance jour/nuit.
Mais si le poisson sous-terrain est privé de lumière, se demande BBC News, comment son horloge interne fait-elle pour s'y retrouver?
Pour comprendre, il faut prendre l'exemple du poisson zèbre, une espèce qui suit le rythme circadien normal. Sur son corps, des récepteurs photosensibles (sensibles à la lumière) permettent de «faire tourner les aiguilles» de son horloge biologique. Mais chez le poisson somalien, rien de tout cela. Même une exposition régulière à la lumière ne modifie pas son activité.
En revanche, il suffit de lui donner à manger à heure fixe pour observer que son horloge biologique y est sensible et finit par se caler sur l'heure des repas; preuve en est, le poisson pointe alors la nageoire de manière régulière.
Si le Phreatichthys andruzzii conserve pour l'instant une certaine notion du temps qui passe, il ne s'agit peut-être que d'une étape de son évolution:
«Si nous les observons dans quelques millions d'années, peut-être qu’ils n’auront plus la moindre trace de rythme circadien», explique Nick Foulkes, chercheur à l’Institute of Technology de Karlsruhe.
Lu sur BBC News