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La Guinée s’apprête à aller aux élections législatives (28 septembre) et ce après plusieurs reports. Cette date arrêtée de façon consensuelle entre le pouvoir et l’opposition revêt une double signification, et charrie par ailleurs les souvenirs de beaucoup d’évènements qui ont marqué l’évolution de la nation guinéenne.
Premier souvenir: c’est le 28 septembre 1958 que la Guinée, sous l’ère Sékou Touré, a accédé à son indépendance, s’affranchissant du coup de la tutelle coloniale. Et pour marquer positivement les esprits des Guinéens d’alors, cette date du 28 septembre a été retenue par les autorités pour immortaliser le grand stade de Conakry. Il faut dire qu’en ce temps, aucune équipe venant de l’extérieur n’avait pu vaincre le Sily de la Guinée.
Second souvenir: c’est le 28 septembre 2009 sous l’ère Dadis Camara que des milliers d’opposants guinéens, dans l'enceinte de ce même stade, ont été molestés, parfois tués, violés par des hommes en uniforme. Un souvenir douloureux, s’il en est.
En choisissant cette même date du 28 septembre pour les élections législatives, il faut espérer que la Guinée repartira cette fois du bon pied. Pour la Guinée tout entière, cette date est capitale et il faudra travailler à vaincre le signe indien pour que le 28 septembre cesse d’être une date maléfique. Il faut aussi que la communauté internationale s’investisse dans ces élections législatives à travers notamment des observateurs avisés, afin de permettre à la Guinée de relever le défi.
Car, aujourd’hui, tous les ingrédients sont réunis pour que ces élections soient contestées. Et la folle rumeur d’une tentative de coup d’Etat risque de raviver davantage la tension et peut-être même d’installer entre le pouvoir et l’opposition, un climat permanent de méfiance. D’ailleurs, on se demande si cette rumeur de tentative de déstabilisation ne vise pas à créer les conditions pour un nouveau report de ces législatives.
En tout cas, le pouvoir pourrait avoir beau jeu d’exploiter cette rumeur de coup d’Etat en arguant que les conditions ne sont pas réunies pour la tenue d’élections législatives transparentes et apaisées. L’opposition pourrait aussi s’en saisir pour dénier toute crédibilité à ces élections qui se déroulent dans un climat de panique, où la sérénité est loin d’être de mise.
En tout état de cause, quels que soient les arguments avancés par chacune des parties, il faut que le pouvoir et l’opposition aillent à l’essentiel, c’est-à-dire travailler à la bonne tenue des élections qui, si elles sont crédibles, attireront massivement les investisseurs étrangers et replaceront enfin la Guinée dans le concert des nations démocratiques.
De fait, les motifs du coup d’Etat, tels que présentés sur la place publique, viennent polir l’image d’Alpha Condé qui, plus que jamais, peut se revêtir du manteau de patriote invétéré, ardent défenseur des intérêts de la Guinée. Sous cet angle, cette rumeur de coup d’Etat lui apporte de bons dividendes à la veille de ce scrutin désormais historique. Mais il est clair que le plus à craindre est l’immédiat après-scrutin. Sans le souhaiter, on a envie de dire que ce scrutin, au regard de son contexte, pourrait très difficilement épargner à la Guinée les cris et les larmes de ses enfants.