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Lettre d'une Algérienne qui se meurt de désespoir
Au chômage, Meriem dit que l'Algérie lui a fait perdre l'espoir de vivre dans la dignité.
Il est rare que le courrier d'un lecteur rivalise avec les articles d'un site d'information. Sauf quand la lettre en question a une portée plus grande. Le site Liberté-Algérie a récemment reçu un courrier de ce type. La lectrice s'appelle Meriem. Elle a 28 ans, diplômée et au chômage. Certains de ses compatriotes algériens, pris de détresse, ont choisi l'immolation. Elle, préfère les mots qu'elle couche sur une page blanche.
Elle choisit de «péter un cable», «témoigner» et «informer» les autres de son mal-être en Algérie:
«Je veux que ma voix retentisse, je veux parler pour ces jeunes, qui se donnent la mort rongés par le désespoir de pouvoir voir un jour ce pays se relever, ce pays au grand corps malade.»
Comme beaucoup de jeunes Algériens, Meriem a cru à l'école, aux diplômes et au fait que sa vie serait meilleure si elle parlait quatre langues. Bachelière à 16 ans, la benjamine n'avait aucune idée des obstacles qu'elle allait rencontrer: des contrats de quelques heures, un asservissement systématique... Concernant les expatriés étrangers qui viennent travailler pour des grandes entreprises, Meriem n'a pas beaucoup d'estime:
«Ils n'envoient jamais des gens compétents en Algérie, car elle est classée zone à grand risque, tout ceux qui y débarquent ne sont rien d'autres que des vautours aventuriers, avides de faire fortune en un temps record.»
Désespérée, Meriem ne sait plus à quelle porte frapper. Après six ans d'expérience, elle pointe au chômage pour une durée indéterminée:
«Honte à cette Algérie. J'ai 6 ans d'expérience, je parle 4 langues... et je me retrouve au chômage, j'essaye de trouver du boulot dans ma petite ville (qui n'est pas la capitale)... Vous dites l'Anem (Agence nationale de l’emploi, ndlr)? Personne ne vous reçoit. Je suis allée à l'université dans l'espoir de trouver un boulot même en tant que vacataire... dans les bureaux de l'administration je n'ai trouvé que des vieux... hideux, dont les racines pourries sont enfoncées bien au fond, des vieux dépassant la soixantaine qui boivent du café, lisent des journaux, et vous répondent avec dédain: ''allez voir ailleurs''.»
Lu sur Liberté-Algérie