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Pourquoi y a-t-il si peu de mouvements antiracistes en Italie?
Les attaques à l'encontre de la première ministre noire italienne ne tarissent pas. Pourtant, pas grand monde ne réagit.
«L’immigration, c'est le génocide des peuples. Kyenge, démission!»
Le slogan n’était visiblement pas assez dur pour les militants de Forza Nuova qui ont déposé, mercredi 4 septembre, trois mannequins maculés de sang factice devant la porte d'un bâtiment administratif de Rome. Leur cible? Cécile Kyenge, ministre de l’Intégration.
Depuis sa nomination, les insultes à l’adresse de la première femme ministre noire en Italie ne tarissent pas. Le vice-président du Sénat italien, Roberto Calderoli, l'a comparée à un orang-outan, une élue de la Ligue du Nord a appelé à son viol, un député maire a insinué que la ministre se prostituait, un homme lui a jeté des bananes alors qu'elle prononçait un discours... L’Italie a bien un problème avec le racisme.
Pas étonnant, aurait-on tendance à croire en jetant un premier rapide coup d’oeil à l’histoire italienne: le fascisme, une terre historiquement d’émigration plutôt que d’immigration... l’Italie ne porte-t-elle pas dans histoire les germes d’un racisme profond? Sauf que certains historiens estiment que le racisme n’a pas de bases réelles en Italie.
La banalisation du racisme par la Ligue du Nord
L’historien Adriano Prosperi dit même que la problématique italienne est plutôt «celle d’un peuple composé de différentes ethnies organisées en sociétés paysannes, où l’étranger est bien accueilli. Même lors des épisodes dramatiques comme les lois raciales sous le fascisme, on se rend vite compte qu’il s’agissait de discriminations imposées par le haut, qui n’avaient aucune base auprès de la population.»
Ce sont des phénomènes récents, dit-il, qui sont en train de créer en Italie les prémisses d’un racisme sans bases réelles. A commencer par la crise, couplée à un phénomène migratoire de masse que l’Italie n’avait jamais connu.