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Les Africains ont-ils vraiment un problème avec l'alcool?
Une étude de l'OMS montre que les Africains sont peu nombreux à consommer de l'alcool... mais ils boivent beaucoup trop.
«L’Afrique a un problème avec l’alcool», déclare un article récent de Time Magazine intitulé «Africa's Drinking Problem: Alcoholism on the Rise as Beverage Multinationals Circle».
Mais BBC News met en garde contre cette généralisation hâtive. Kate Wilkinson, chercheuse pour Africa Check, interrogée par le site britannique, rappelle que les habitudes de consommation sur le continent varient selon les cultures et les dogmes religieux.
Une consommation globalement faible…
L’article rappelle que les chiffres disponibles sur la consommation d’alcool remontent à plusieurs années. Le rapport 2011 sur l’alcool de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) cité par Time s’appuie sur des données datant de 2003 à 2005, souligne BBC News.
D’autre part, ces statistiques elles-mêmes ne dessinent pas l’image d’un continent trop alcoolisé. Le rapport de l’OMS montre que plus de la moitié des Africains (57,3%) n’ont jamais bu d’alcool de leur vie. Le continent abrite en effet une forte population musulmane, qui s’interdit de toucher à l’alcool, explique le site.
D’après l’étude de l’OMS, la moyenne mondiale de consommation est de 6,13 litres d’alcool pur par an et par personne âgée de plus de 15 ans. En Afrique, cette moyenne est de 6,15 litres. L’excès de consommation n’est donc pas probant, insiste le site, d’autant plus qu’en Europe, ce résultat atteint 12,18 litres par an.
… Mais localement très importante
Pourtant, il y a bien des alcooliques en Afrique. Boniface Ndirangu, interrogé par BBC News, en voit passer beaucoup dans les deux centres de réhabilitation qu’il dirige au Kenya. Lui-même ancien alcoolique, il sait que «l’alcool est devenu la seule source de soulagement pour les personnes démunies, sans emploi et sans argent». Il blâme d’autant plus les nouvelles variétés d’alcool frelaté, très fortes, très bon marché et «très dangereuses»:
«Avec seulement une livre [environ 1,20 euro], vous pouvez vraiment vous ‘’mettre minable’’ et même embarquer deux ou trois autres personnes avec vous.»
Selon BBC News, le problème qui touche l’Afrique n’est pas tant l’alcoolisme chronique que le «binge drinking» ou «beuverie effrénée». Ce phénomène, qui touche essentiellement les jeunes, se caractérise par la consommation excessive de grandes quantités d’alcool (au moins 60 ml d’alcool pur, soit trois pintes de bière forte, d’après l’OMS) sur une courte période de temps, explique l’article.
Alors que les buveurs sont une minorité en Afrique, c’est pourtant le continent qui a la plus forte proportion de «binge drinkers», révèle l’étude de l’OMS. Au Kenya, 85% de la population n’a pas touché à l’alcool durant l’année écoulée… mais les autres en ont consommé beaucoup, presque deux fois la consommation par personne admise en Grande-Bretagne, conclut le site.
Lu sur BBC News