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Maroc: un journaliste interpellé pour avoir diffusé un message d'Aqmi
Le patron du site d'information Lakome arrêté pour avoir relayé une incitation au terrorisme et à la violence.
Ali Anouzla, directeur de la section arabophone du site d’information marocain Lakome a été interpellé mercredi 17 septembre sur ordre du parquet général, rapporte l’AFP. La police judiciaire a arrêté le journaliste dans les locaux de la rédaction à Rabat et a procédé à une saisie des ordinateurs appartenant aux membres de la rédaction, ajoute l’AFP.
Selon un communiqué du procureur de la cour d’appel de Rabat, Ali Anouzla est interpellé «suite à la diffusion par le journal électronique d'une vidéo attribuée à Aqmi, comprenant un appel clair et une incitation directe à commettre des actes terroristes».
Le site Lakome a en effet publié samedi 14 septembre un lien vers une vidéo mise en ligne par al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), intitulée «Maroc: le royaume de la corruption et du despotisme». Ce montage de 40 minutes fustige le régime marocain et attaque violemment la personne du roi Mohammed VI. La vidéo a depuis été supprimée par Youtube pour non-respect des règles en matière de «violence», précise l’AFP.
Le site d’information estime que la décision du procureur est injuste. Dans un article publié après l’arrestation du directeur de publication, Lakome affirme que ses versions arabophone et francophone «ont précisé dès le départ qu'il s'agit d'une vidéo de propagande et ne prennent à aucun moment partie pour les terroristes d'Aqmi».
Et le site de rappeler que d’autres médias internationaux ont déjà diffusé des vidéos d’Aqmi sur leurs propres pages, comme le Huffington Post, ou ont publié des liens vers des contenus terroristes, comme L’Express ou LCI en mai 2013, en l’occurrence un message d’Aqmi appelant les musulmans à attaquer les intérêts français.
Ali Anouzla a déjà été poursuivi par la justice pour avoir diffusé de «fausses informations» sur la santé du roi en 2009 ou sur des heurts meurtriers à Fès en juin 2013, précise Lakome. Apprenant que cette dernière nouvelle était fausse, le site avait supprimé l’article et publié des articles.
Dans une interview accordée aux sites indépendants Goud.ma et Febrayer.com, Ali Anouzla avait dénoncé une campagne de dénigrement à son encontre menée par les services marocains, ajoute encore Lakome.
Selon le quotidien espagnol El País, Ali Anouzla est considéré comme l’un des journalistes marocains les plus indépendants du pays.