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Armes chimiques en Syrie : Les Etats-Unis et la Russie se mettent d’accord
Les Etats-Unis et la Russie se sont mis d’accord samedi à Genève sur un plan concernant l’élimination de l’arsenal chimique syrien, tout en demandant à la Syrie de fournir toutes les informations concernant ses armements chimiques d’ici une semaine.
D’après ce plan, les deux pays se sont fixés l’objectif ambitieux d’éliminer la menace des armes chimiques en Syrie de la manière la plus rapide et la plus efficace.
Selon le secrétaire d’Etat américain John Kerry, la Syrie doit fournir une liste énonçant les noms, les types et les quantités d’armements chimiques qu’elle détient, ainsi que les types de munitions, les emplacements des stocks, les fabriques et les installations de recherche et développement.
A l’issue des discussions de trois jours avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, M. Kerry a indiqué que « si l’accord est un succès, on sauvera des vies et on maintiendra la stabilité dans la région ». Il a par la suite indiqué que Damas devrait coopérer pleinement.
D’après M. Lavrov, cet accord permet d’éviter l’usage de la force, qui serait catastrophique pour la région.
Les deux diplomates ont entamé leurs discussions jeudi soir à l’hôtel Intercontinental de Genève, abordant la proposition que la Syrie renonce à son arsenal d’armes chimiques dans le but d’éviter une frappe militaire américaine.
La rencontre a été organisée après un développement inattendu qui a vu la Russie proposer à la Syrie de placer ses stocks d’armes chimiques sous contrôle international afin de résoudre la crise par voie diplomatique.
Echanges d’informations entre Obama et Poutine
Les présidents russe et américain, Vladimir Poutine et Barack Obama, ont convenu d’échanger régulièrement leurs informations sur l’état des stocks d’armes chimiques en Syrie, a annoncé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans une interview à la chaîne de télévision Rossiya 1.
« Afin de pouvoir contrôler la situation, les présidents ont convenu de procéder régulièrement, par le biais de leurs structures compétentes, à un échange d’évaluations et d’informations sur l’état des arsenaux chimiques du gouvernement syrien », a déclaré M. Lavrov.
Selon lui, cet échange entre MM. Poutine et Obama « a débuté en juin 2012 à Los Cabos où les deux présidents se sont rencontrés en marge du sommet du G20″.
D’après M. Lavrov, ils ont alors évoqué de nombreux problèmes, y compris la situation en Syrie. Les deux dirigeants ont exprimé leur inquiétude face au risque de voir les armes chimiques tomber dans de mauvaises mains lors des affrontements entre les troupes gouvernementales et la rébellion.
L’ONU Salue
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon salue l’accord entre la Russie et les Etats-Unis sur la destruction des armes chimiques en Syrie et promet le concours des Nations unies à ce projet, indique une communiqué de l’ONU.
« Le Secrétaire général se félicite de l’entente intervenue entre les Etats-Unis et la Russie concernant la destruction des armes chimiques en Syrie. Le Secrétaire général promet le soutien total de l’ONU à la réalisation de ce plan », lit-on dans le communiqué ».
M. Ban Ki-moon a espéré que l’accord entre la Russie et les Etats-Unis préviendrait toute utilisation ultérieure d’armes chimiques en Syrie.
Berlin salue
Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle salue les ententes entre la Russie et les Etats-Unis sur les armes chimiques en Syrie et estime que l’accord entre MM. John Kerry et Sergueï Lavrov augmentent la chance de trouver une solution politique au conflit, a annoncé samedi un communiqué de la diplomatie allemande.
« Je salue l’accord entre les Etats-Unis et la Russie sur l’ouverture immédiate des arsenaux chimiques en Syrie. Si ces paroles sont suivies d’actes, les chances d’un règlement politique augmenteront considérablement », a déclaré M. Westerwelle cité dans le communiqué.
D’après le ministre allemand, les négociations constituent la seule voie permettant d’amener une paix durable en Syrie.
L’opposition rejette
Les ententes russo-américaines sur les armes chimiques en Syrie ne concernent pas les groupes armés de l’opposition syrienne qui continueront à se battre contre le régime de Bachar el-Assad, a déclaré samedi le chef d’état-major du conseil militaire suprême de l’Armée syrienne libre (ASL), le général Selim Idriss.
« Nous ne reconnaissons pas l’initiative russe [sur les armes chimiques] et croyons qu’il s’agit d’un jeu mené par la Russie et la Syrie en vue de gagner du temps pour le régime de Bachar el-Assad », a affirmé M. Idriss.
« Nous continuerons à ½uvrer pour le renversement d’Assad. Ces ententes [entre Washington et Moscou] ne nous concernent pas », a ajouté le général.
M. Idriss avait auparavant rejeté l’initiative russe visant à placer les armes chimiques sous contrôle international.
La Coalition nationale de l’opposition syrienne s’est également prononcée contre le projet russe, le qualifiant de « man½uvre politique inacceptable ».
La Russie exige de tout contrôler
Toutes les informations faisant état de livraisons d’armes chimiques en Syrie, y compris en provenance d’Europe, doivent faire objet d’une enquête et être débattues au sien du Conseil de sécurité de l’Onu, a déclaré samedi dans une interview à la chaîne Rossiya 1 le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
« Encore lors du sommet du G8 tenu en juin dernier à Lough Erne (Irlande du Nord), il a été noté dans la déclaration finale sur la Syrie que les dirigeants des pays membres rejetaient catégoriquement tout usage d’armes chimiques par qui que ce soit et que toutes les informations sur le recours [à ce type d'armes] devaient être immédiatement rapportées au Conseil de sécurité de l’Onu. C’est sur cette logique que repose l’accord que nous avons atteint aujourd’hui avec les Américains et que nous ferons avancer au sein de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et devant le Conseil de sécurité des Nations unies », a expliqué le chef de la diplomatie russe.
Les chefs de la diplomatie russe et américaine Sergueï Lavrov et John Kerry sont parvenus à une entente sur le dossier syrien. Les parties ont notamment prôné le règlement politique du conflit syrien et la non-intervention armée dans ce pays proche-oriental et ont convenu sur la destruction complète des stocks d’armes chimiques de Damas d’ici le milieu de l’année 2014.
L’initiative de placer les armes chimiques syriennes sous contrôle international et de faire adhérer Damas à la Convention internationale sur l’interdiction de ce type d’armes appartient à Moscou. Avancée lundi dernier dans l’espoir d’éviter une intervention militaire en Syrie, pays dont les autorités sont accusées par une série d’Etats d’avoir mené une attaque chimique le 21 août dernier près de Damas, la proposition russe a tout de suite été acceptée par le régime du président Bachar el-Assad.
Samedi, le secrétaire général des Nations unies a reçu les engagements de Damas de se joindre à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.