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Le Maroc n'a pas fini de se souvenir des années de plomb
Découverte d'une fosse de plus de 30 ans. Elle contiendrait les corps de huit Sahraouis exécutés par l'armée marocaine.
Un charnier vieux de presque quarante ans. C’est la découverte macabre faite par une équipe de chercheurs espagnols et relatée par Yabiladi.
Des anthropologues de l’université du Pays basque (Bilbao) ont mis au jour, au Sahara, une fosse commune datant de 1976, explique Yabiladi. Elle contiendrait huit corps de Sahraouis dont deux auraient eu la nationalité espagnole, ajoute le quotidien national El País. D’après l’analyse des ADN, un père et son fils feraient partie des victimes.
En février 2013, un berger signale avoir trouvé des restes humains répandus dans le désert. Dès le mois de juin, les recherches commencent. D’après Yabiladi, les chercheurs espagnols sont accompagnés par des membres de l’Association des familles des prisonniers et disparus sahraouis (Afapredesa).
Gouvernement et science, pas d'accord
Les circonstances de leur mort sont un point de discorde entre les scientifiques espagnols et les autorités marocaines, souligne le site. Considérés comme disparus jusqu’à maintenant, les huit Sahraouis auraient en réalité été exécutés par l’armée marocaine le 12 février 1976, affirme l’anthropologue Francisco Exteberria, à la tête de l’équipe de fouilles.
En effet, les médecins légistes ont découvert des cartes d’identités et des étuis de fusils entre les os des victimes, note Yabiladi. D’autre part, ajoute le site d'information marocain, un témoin, âgé de 13 ans au moment des faits, déclare avoir assisté à l’exécution à Fadret Leguiaa, une zone située dans la région de Smara (une ville du Sahara occidental).
Selon le directeur des fouilles interrogé par El País, le récit du témoin devrait concorder avec les résultats de l’enquête médico-légale et l’analyse des restes humains.
En 2006, le rapport de l’Instance Equité et Réconciliation, soucieux d’effacer les souvenirs douloureux des «années de plomb», donne des informations sur le destin de centaines de disparus sous le règne de Hassan II. D’après lui, quatre des victimes retrouvées dans la fosse auraient été transportées à Smara et seraient mortes pendant leur détention. Francisco Exteberria dénonce des «informations biaisées», qui ne précisent ni les dates ni les circonstances des décès.
Les tombes sont actuellement protégées par la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental). A terme, les dépouilles devraient être restituées aux familles des victimes, conclut l’article.
Lu sur Yabiladi