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Des familles dans la cour d'un hôpital près de Bangui, août 2013 / AFP
Des familles dans la cour d'un hôpital près de Bangui, août 2013 / AFP

La Centrafrique, un pays de malheur

Plus qu'un électrochoc pour sauver le pays, il faut une vraie catharsis.

Décidément, la Centrafrique n’en finit pas avec ses rébellions à répétition. Après avoir annoncé, il y a quelque temps, depuis la France, où il était en séjour, sa volonté de reconquérir le pouvoir par les armes, l’ancien président François Bozizé est passé à la manœuvre sur le terrain avec sa rébellion qui prend appui à partir de la région de son village.

Les nombreuses exactions, maintes fois commises par la Séléka sur les populations, et l’incompétence notoire de Michel Djotodia à maîtriser ses troupes et à gérer de façon conséquente le pouvoir qu’il a conquis par les armes, justifieraient-elles le silence de la France face à ces agissements de Bozizé, si tant est qu’il soit toujours sur le sol français?

Quoi qu’il en soit, compte tenu de la situation, la décision de Bozizé de reprendre le chemin du maquis pour reconquérir le pouvoir, lui vaut une certaine sympathie tant à l’intérieur qu’à l’extérieur même du pays.

Djotodia, l’incompétent notoire

La nature, dit l’adage, a horreur du vide et c’est bien la première fois en Afrique, qu’un homme prend le pouvoir et se montre, de façon aussi criarde, incompétent à le gérer.

Michel Djotodia est tout sauf un homme d’Etat et donne finalement le sentiment que la seule finalité de sa rébellion, c’était la prise du pouvoir. Par son incapacité à maîtriser ses troupes et son incompétence à gérer le pouvoir, il donne une bonne raison à celui-là même qu’il a chassé par les armes, de lui rendre la monnaie de sa pièce. La Centrafrique aura besoin d’une conférence nationale souveraine, et cela en vue d’une catharsis

Djotodia réunit donc tous les ingrédients pour le retour de Bozizé parce que tout le monde en a marre des exactions de la Séléka contre les populations. Comme les autres fois, cette rébellion risque d’aller à son terme parce que Bozizé est un habitué du maquis, et qu’il a le profil du métier. Mais tout dépendra du rapport de force sur le terrain.

Il est clair que la Séléka ne se laissera pas faire et on peut craindre que la situation ne s’aggrave sur le terrain pour le plus grand malheur des populations qui souffrent le calvaire.

Aussi, dans ce combat entre rebelles, c’est-à-dire une illégitimité contre une autre, on se demande bien quel troisième larron viendra sauver la Centrafrique, pays pourtant riche en diamant et en forêts.

Bangui la coquette, c’était avant

Pour cela, il est nécessaire que les organisations sous-régionales et la communauté internationale prennent le problème à bras-le-corps afin de trouver une thérapie durable aux maux dont souffre la Centrafrique.

D’un autre point de vue, la responsabilité du Tchad n’est-elle pas engagée, lui dont on dit qu’il fournit à tour de bras des éléments nourriciers et déstabilisateurs aux différentes rébellions, et qu’il est, quelque part, le «faiseur de rois» de ce pays? Djotodia et Bozizé auraient, du reste, tous les deux, eu recours à N’Djaména dans leur conquête du pouvoir.

En tous les cas, à terme, la Centrafrique aura besoin d’une conférence nationale souveraine, et cela en vue d’une catharsis qui favorisera le retour de tous les exilés politiques parce que depuis Barthélémy Boganda, premier président de ce pays, on a l’impression que l’histoire se répète avec cette succession de rébellions comme mode d’accès au pouvoir, tel un signe indien que Bangui n’arrive pas à vaincre.

De Boganda à Djotodia, en passant par Bokassa, David Dako et autre Bozizé, seul Ange-Félix Patassé aura été élu démocratiquement même si sa gestion du pouvoir n’aura pas été des plus exemplaires. 

Il faut donc que la RCA quitte ce cercle vicieux, abandonne cette fâcheuse propension à accéder au pouvoir par les armes, et revienne à de vraies valeurs démocratiques dans son aspiration à la paix et à la stabilité durables.

En attendant, il urge que la paix revienne dans ce pays, et c’est ce à quoi doit s’atteler, dès à présent, la communauté internationale, avant que les choses ne tombent de Charybde en Scylla. 
Ah, qu’il est loin le temps de Bangui la coquette!

Le Pays

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Le Pays. Le plus lu des quotidiens du Burkina Faso.

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