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Les «salopes» marchent sur la pointe des pieds au Maroc
«Les femmes devraient éviter de s'habiller comme des salopes si elles ne veulent pas se faire agresser».
L’auteur de cette phrase, un officier de police de la ville de Toronto (Canada), n’imaginait pas que sa sortie déclencherait l'ire des femmes à travers le monde et la désormais célèbre Marche des salopes qui, depuis le 3 avril 2011, bat les pavés des grandes capitales mondiales.
Pour le site Global Voices, la prochaine étape est le Maroc. Majdoline Lyazidi, 20 ans, a lancé l'idée d'une SlutWalk Morocco (marche des salopes au Maroc) le 13 août, sur le réseau Facebook:
«La cause me tient à cœur depuis longtemps, puisque depuis l’âge de 12 ans, j’avais l’idée d’organiser une marche du genre».
Aujourd’hui, sa page compte plus de 3.400 fans. Mais l’ambition n’est pas de mimer les premières marches observées entre autres à Paris, Washington, Sydney et même Séoul et New Delhi.
L'objectif, selon Madjoline, c'est de «changer les mentalités» des Marocains:
«[Le mouvement des Marches des salopes] a été une prise de conscience pour moi. En grandissant, je n'ai jamais vraiment compris pourquoi la société continuait à nous instiller la mentalité du “ne te fais pas violer” au lieu de “tu ne violeras pas”, ce qui ancre un processus sans fin de culpabilisation de la victime, avec ses “elle le cherchait bien».
Il reste que dans le cas du Maroc, il sera nécessaire d'adapter la Marche à la culture du pays:
«On veut que ce soit une version marocaine […] qu'elle convienne à la culture et aux valeurs de notre communauté. Mais pour être franche, c'est dur de trouver un nom aussi accrocheur que "SlutWalk"!», explique la jeune femme.
Et de préciser:
«Non, il ne s’agit pas de défiler à moitié nues!», comme ce fut le cas dans de nombreux pays.
Depuis le lancement du projet et de la page Facebook, les commentaires négatifs vont bon train. Majdouline Lyazidi cite l'une des ces remarques sexistes:
«La bonne femme! Celle qui ne lève pas sa voix, celle qui choisit un homme, et elle le colle pout le restant de ces jours. Cette femme qui sait respecter, idolâtrer, et vénérer l’homme. Celle qui comprend, vite faire pourquoi elle est née. Et à quoi elle sert.»
On comprend alors l’urgence de changer la vision d'une partie de la population marocaine:
«Nous devons donner une chance à la prochaine génération de pouvoir marcher dans les rues en se sentant en sécurité et respectées, ce qui n'est pas le cas des femmes marocaines actuellement.»
Cependant, le projet semble à ce stade plutôt symbolique, puisqu’à ce jour aucune marche n’a encore été programmée. Cela constitue néanmoins un premier pas la revendication légitime des femmes:
«On compte contacter les associations féministes et les associations qui défendent les droits humains pour les faire participer à la marche.»
Lu sur Global Voices, Facebook