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Avant Sidiki Kaba défendait les homos, mais ça c'était avant
Le nouveau ministre de la Justice sénégalais renonce à ses engagements en faveur des LGBT.
Il est à peine installé dans son fauteuil de garde des sceaux qu’il fait déjà des vagues. Sidiki Kaba, le tout nouveau ministre de la Justice sénégalais est au centre d’une polémique sur un sujet non moins polémique: l’épineuse question de la dépénalisation de l’homosexualité au Sénégal.
La presse et nombre de militants en faveur des droits des personnes LGBT l’accusent d’une forme de «retournement de veste» à ce sujet. En effet, avant sa nomination, le 2 septembre dernier, Sidiki Kaba, avocat et défenseur des droits de l’homme, s’était forgé une solide réputation internationale, en présidant la Ligue internationale des droits de l’Homme (FIDH).
En 2009, par exemple, au lendemain de la condamnation de huit homosexuels, il se prononçait ni plus ni moins en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité dans son pays, comme le rappelle le site Leral.
«Il y a une contradiction entre l’image démocratique et d’Etat de droit que le Sénégal cherche à projeter dans le monde et la réalité du terrain. S’il veut être crédible en conformité avec les conventions internationales des droits de l’Homme qu’il a lui-même signées et ratifiées, le gouvernement doit changer d’urgence la nouvelle loi qui condamne les homosexuels», faisait-il en effet savoir à nos confrères de la chaîne de télévision France 24.
L’engagement de Sidiki Kaba paraissait donc clair et sans aucune ambiguïté, à tel point que les organisations de défense droits des homosexuels pensaient pouvoir s’appuyer sur lui pour faire entendre leur cause. Dans la même interview, celui qui était alors le président d’honneur de la FIDH ajoutait:
«Quant à l’Etat, qui se targue de défendre la démocratie et les droits de l’Homme, il vaudrait mieux qu’il s’engage sur le chemin de la dépénalisation de l’homosexualité.»
Seulement, voilà, quelques jours après sa nomination, Sidiki Kaba a opéré un virage à 180 degrés. Il a déclaré qu’il se rangerait derrière la position de Macky Sall, le président du Sénégal, au sujet de la dépénalisation de l’homosexualité. Or, on connaît la position du chef de l’Etat sénégalais là-dessus, qui avait encore indiqué en juillet dernier, lors de la visite de Barack Obama, que cette question n’était pas à l’ordre du jour.
«Je suis un ministre de la Justice qui exerce dans le cadre d’un gouvernement et qui exprime ses positions à travers celle du chef de l’Etat et qui s’impose à l’ensemble de ceux qui servent sous sa direction», a confié Sidiki Kaba dans des propos relayés par le site Leral.
L’ex-président d’honneur de la FIDH affirme que les propos qu’il a tenus en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité étaient la position de son organisation et non la sienne. Comprenne qui pourra!
L’article 319 du code pénal sénégalais condamne «les relations contre-nature», un terme flou et vague qui permet néanmoins aux juges de jeter des homosexuels en prison.
Slate Afrique