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L'apartheid n'est pas fini dans les écoles sud-africaines
Près de 20 ans après la fin de l'apartheid, l'école est devenue le catalyseur de toutes les inégalités.
«L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde», déclarait Nelson Mandela. Pourtant, l’Afrique du Sud fait figure de «lanterne rouge» en matière d’éducation. Elle se classe avant-dernière dans l'enseignement des matières scientifiques, juste devant le Yémen, révèlent les chiffres du Forum économique mondial.
Depuis 1996, le pays dépense pourtant des sommes importantes dans le domaine de l’éducation, entre 18% et 22% de son budget, soit environ 6% du PIB, selon le site Geopolis.
Mais l’état du système scolaire public reste déplorable, rapporte encore Geopolis. De nombreux lycées ne comptabilisent aucun bachelier, notamment dans la province rurale du Limpopo. D’après le porte-parole du ministère provincial de l’Education interrogé par le site, en 2012, cinq établissements scolaires ont eu un taux de 100%... d’échec au baccalauréat.
Le lycée Alapha en fait partie. Il est devenu le symbole de ces établissements qui «perpétuent une forme d’apartheid»: structures vétustes, pas de bibliothèque, aucun matériel scientifique, peu de manuels scolaires actualisés…
En 2012, l’Etat a même été condamné pour ce manque d’équipement, rappelle le Geopolis. La Haute cour de Pretoria a jugé que le manque de manuels scolaires constitue une «atteinte au droit constitutionnel à une éducation de base»: plusieurs mois après la rentrée de janvier, plus de 5.000 écoles rurales, soit environ 1,7 million d'élèves, n'avaient pas encore reçu leurs livres de classe, affirme Geopolis.
Un révélateur d'inégalités
Lorsque les familles en ont les moyens, elles préfèrent donc inscrire leurs enfants dans le secteur privé. Le système scolaire est un révélateur des inégalités «qui minent le pays». D’un côté les établissements publics dépourvus de tout équipement, de l’autre les écoles privées, comme le St John’s College à Johannesbourg dont une année d’études coûte plus de 7.000 euros par an.
D’après les autorités, cette situation repose surtout sur la difficulté à recruter des professeurs en zone rurale, rapporte le site. Au lycée Alapha, le directeur admet devoir parfois se mettre à enseigner lui-même faute de professeurs disponibles.
En dehors des provinces rurales, ces écoles de seconde zone sont bien souvent situées dans les townships à majorité noire, contribuant ainsi à entretenir les inégalités post-apartheid et les difficultés d’emploi des populations noires en Afrique du Sud, ajoute l’article.
Lu sur Geopolis