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La dérive népotiste du président du Malawi
Il n’est pas encore venu rallonger la liste des dictateurs africains, mais il est en train de concentrer tous les pouvoirs.
Bingu Wa Mutharika, le président du Malawi, a d’abord créé l’étonnement et suscité toutes sortes de commentaires pendant plus de trois semaines, en dirigeant tout seul les 22 ministères du pays, depuis le limogeage de l’ensemble de son gouvernement le 19 août 2011. Une situation pour le moins inédite et qui avait des allures de «spectacle» comique, souligne l’agence d’information IPS.
Dans tous les cas, la superprésidence de Mutharika, arrivé au pouvoir en 2004, n’a pas duré longtemps. Le 7 septembre, il a enfin nommé un nouveau gouvernement. Sauf que la surprise est toujours grande et les inquiétudes encore plus fortes sur les tendances autocratiques du président.
En effet, Romandie News fait savoir que sur les 29 membres que comprend le nouveau gouvernement malawite, figurent en bonne place l'épouse ainsi que le frère cadet du président —excusez du peu. Ainsi, Callista Mutharika devient ministre coordinatrice de l'Enfance, de la Lutte contre le sida, la malnutrition, la malaria et la tuberculose, et Arthur Peter —dont Romandie News précise que Mutharika veut faire son successeur— obtient le portefeuille des Affaires étrangères.
Des choix dangereux au vu des nombreuses critiques qu'essuie déjà le président Mutharika. Les populations lui reprochent notamment de ne pas faire grand-chose pour enrayer la crise économique et sociale qui frappe le pays. Le Malawi connaît une grave pénurie de carburant depuis plusieurs mois et un manque de devises étrangères. C'est d’ailleurs cette crise sociopolitique et économique qui avait conduit au limogeage du gouvernement.
Mais le nouveau cabinet ne rassure personne:
«Il a mis trop de temps pour remplacer le gouvernement et cela seul montre qu'il a des difficultés à diriger le pays et son propre parti. C’est malheureux qu'il tienne tout le pays en otage et retarde le progrès», regrette Noël Mbowela, de l’université Mzuzu, l’une des principales du Malawi.
A la suite de violentes manifestations en juillet, au cours desquelles une vingtaine de personnes avaient été tuées par la police, les Malawites avaient exigé que Mutharika réduise la taille de son gouvernement, qui était passé de 29 ministères à son arrivée au pouvoir en 2004, à 42 en 2011.
Les manifestants affirmaient que les salaires de ce gouvernement pléthorique s'élevaient à 100.000 dollars (71.000 euros) par mois —l'équivalent des salaires mensuels de 428 infirmiers ou 1.000 enseignants.
IPS souligne également que 60% des 13,1 millions de Malawites vivent aujourd'hui en dessous du seuil de pauvreté.
Lu sur IPS, Romandie News