mis à jour le

Ne prenez plus les femmes botswanaises pour des sous-hommes
Après une lutte âpre, elles ont fini par gagner le droit d'hériter.
Le Botswana, pays d’Afrique australe de quelque 2 millions d’habitants. Une enclave sans accès à la mer, perdue entre l’Afrique du Sud, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe. Un pays dont on parle peu, sauf pour dire qu’il a offert au monde une Miss Univers en 1999.
Ici pourtant, toutes les décisions sont prises par les hommes, au point que le Botswana n’est plus seulement une société patriarcale, mais une société machiste comme l’explique Priti Patel, une militante féministe du Southern Africa Litigation Centre.
Cette association de défense des droits femmes savoure actuellement ce qu’elle considère comme une grande victoire: la justice botswanaise vient d’accorder aux femmes et aux filles le droit d’hériter. Jusqu’ici, seuls les garçons, en vertu d’une obscure loi coutumière, d’ailleurs inscrite dans la Constitution, pouvaient hériter. Reuters revient sur une décision du tribunal de Gaborone, la capitale du pays, qui fait désormais jurisprudence.
Fin 2012, une dame de 80 ans, Edith Mmusi, et ses sœurs ont fait valoir leur droit à l’héritage d’une maison familiale en arguant du fait qu’elles avaient été les seules à y avoir investi de l’argent et qu’il était insensé que l’héritage revienne aux seuls fils, tout simplement parce que ce sont des hommes. Le tribunal a tranché en faveur d’Edith et de ses sœurs.
Ce jugement «indique clairement que les femmes ne sont pas citoyennes de seconde zone au Botswana», s’était réjouie Priti Patel dont l’association avait aidé les femmes dans le procès.
Pour sa part, le tribunal, ajoute encore Reuters, avait motivé sa décision en soulignant que «toute loi ou règle coutumière qui discrimine la femme sur la seule base de son sexe, n’est pas en conformité avec les principes de justice, d’équité et de bonne conscience». Il s’agit donc d’un pas important vers l’égalité des sexes.
De nombreuses femmes d’Afrique australe étant confrontés à des lois discriminatoires comme celles qui prévalaient jusque-là au Botswana.
Lu sur Reuters