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Les Jeux de la Francophonie, tout le monde s'en fout
La compétition qui s'ouvre le 7 septembre à Nice ne sert à rien.
Christian Estrosi, le député-maire de Nice, dans le sud de la France, s’époumone depuis un moment dans les médias pour dire à quel point les Jeux de la Francophonie sont LA manifestation à ne pas rater en ce mois de septembre. Et pour cause, la ville de Nice accueille l’événement du 7 au 15 septembre.
Pourtant l’opération de charme ne prend que péniblement, voire pas du tout. Les esprits sont ailleurs. Voyez-vous, en France, il y a le casse-tête de la rentrée scolaire, les tourments des retours de vacances, les impôts et tout ça... Et surtout, il y a la Syrie et les menaces de frappes occidentales qui occupent quand même pas mal les esprits (et les médias). Donc, les Jeux de la Francophonie, vous comprenez, on ne voit pas trop. Mais au fait, c’est quoi au juste cette affaire?
Les championnats du monde d’athlétisme, on arrive encore à s’y intéresser, même s’ils tombent souvent en plein été. En plus, cette année, pour toutes sortes de raisons, qui pouvait les louper? Ils se tenaient à Moscou, chez notre très cher ami Poutine... Les Jeux olympiques? Ah! ça, oui, n’importe quel quidam sait parfaitement ce que c’est. Surtout que les prochains auront lieu à Rio de Janeiro (Aaah! Rio! Le Brésil!). Mais alors les Jeux de la Francophonie. Non, vraiment, on ne voit pas. Ou plutôt si, on voit mais on s’en fout.
Ennuyeux
On s’en fout parce que, de manière générale, la Francophonie n’intéresse personne à part ceux que cela arrange. Ok, on nous explique que l’espace francophone, c’est un ensemble de 77 pays ayant en partage la langue française (avec environ 250 millions de locuteurs et 700 millions d’ici trente ans)... On nous explique aussi que la Francophonie, c’est la défense des valeurs humanistes de solidarité et de justice et des idéaux de démocratie. C’est beau, mais jusque-là, on n’a toujours pas bien vu à quoi servent les Jeux de la Francophonie.
A Nice donc, dans cette chère Côte-d’Azur si souvent fantasmée, pendant une semaine, vont se succéder compétitions sportives en tout genre et concours artistiques et culturels... Là est tout le problème de cette sorte de grande kermesse: le mélange des genres. Soit on fait un festival culturel et c’est très bien. Soit on fait une compétition sportive et tout le monde est tranquille. Mais passons!
Les Jeux de la Francophonie ennuient parce leur nature est devenue floue au fil du temps. Lorsque cette affaire a commencé en 1989 à Casablanca et Rabat au Maroc, il y avait quatre compétitions sportives au programme (athlétisme, judo, basket et football). Ça se voulait donc LA rencontre sportive quadriennale des francophones... Comme si ce n’était pas déjà assez ennuyeux comme concept, personne ne sait qui a eu l’idée ingénieuse d’y insérer un concours de chanson en 1997, puis de photo, sculpture, et danse... Aujourd’hui, il y a même un concours de contes!!! Pardon? Bref, un truc ennuyeux, on vous dit.
Flou
Pourtant, les organisateurs attendent tout de même 80.000 spectateurs pour la seule cérémonie d’ouverture le 7 septembre. Nous sommes bien curieux de savoir qui a si peu à faire en cette période de rentrée pour aller traîner du côté de la place Masséna à Nice (aussi belle soit-elle), un samedi soir. Oui, vraiment, on s’interroge. Surtout quand on sait que les nombreuses délégations des 57 pays participant à cette kermesse n’ont toujours pas reçu leur visa d’entrée en France (ah! oui, il y a ce problème là aussi), comme la délégation du Congo-Kinshasa et d’autres encore. D’où viendront-ils donc les 80.000 spectateurs?
Si ces Jeux avaient eu lieu à N’djamena ou à Malabo (le Tchad et la Guinée équatoriale étaient en compétition avec la France pour accueillir cette 7e édition), ils les auraient eus sans aucun problème, leurs 80.000 spectateurs... Là-bas (hélas!) les autorités peuvent user de toutes les méthodes pour remplir les stades, qu’on s’en foute ou non des Jeux de la Francophonie.
Raoul Mbog