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BlackBerry, l'arme des criminels sud-africains

En Afrique du Sud, les criminels ont trouvé un nouveau moyen de communiquer: la messagerie dédiée des téléphones portables de marque BlackBerry, la «BBM». Pour contrer ce fléau moderne, les autorités sont disposées à prendre des mesures draconiennes.

Ainsi, le 5 septembre 2011, dans un article du Mail & Guardian l'on apprenait qu'à l'occasion d'une conférence sur les réseaux de télécommunication en Afrique australe, Obed Bapela, vice-ministre des Télécommunications avait déclaré:

«Il y a des faits prouvant que les malfaiteurs utilisent désormais la messagerie BlackBerry (BBM) pour organiser et commettre leurs crimes».

Il a également indiqué que le gouvernement sud-africain souhaitait avoir accès aux messages échangés par les malfaiteurs, en disposant des clés de décryptage du système BBM.

En Angleterre, le mois d'août a été marqué par de violentes émeutes. De nombreux casseurs se servaient de la messagerie BlackBerry pour se donner rendez-vous. Afin de contrecarrer les plans des émeutiers, David Lammy, député de Tottenham, un quartier nord de Londres, a demandé à ce que le gouvernement suspende temporairement la messagerie.

Le vice-ministre Obed Bapela a néanmoins tenu à préciser à l’auditoire de la conférence que le gouvernement sud-africain n’avait aucunement l’intention d’espionner les citoyens. L’objectif serait plutôt de prévenir la criminalité.

De telles mesures ne devraient pas encourager le Zimbabwe voisin à «adopter» la marque de téléphone, le pays étant déjà sceptique à l’idée d’installer les services BlackBerry sans contrôle de l’Etat.

En mars 2011, la société zimbabwéenne Econet préparait le lancement des services BlackBerry sur le territoire. Mais, ne possédant pas les clés de cryptage permettant de lire les messages échangés entre utilisateurs, le gouvernement a retiré la compagnie zimbabwéenne du projet.

Véritable phénomène de société dans certaines régions du continent, le BlackBerry est en pleine expansion en Afrique. Au Nigeria, on recense déjà près d’un million d’«accros», sur les 80 millions d'utilisateurs de téléphones portables. Dans un article de Julie Vandal, David, jeune caméraman nigérian parle de son addiction à la BBM:

«Il y a deux semaines, je rentrais chez moi. Comme d’habitude, il n’y avait pas d'électricité et plus d’essence dans mon groupe électrogène. Je m’éclairais à la bougie, prêt à me coucher, quand un copain de Londres m’a "pingué". Il voulait savoir quelle était ma pointure. Il se trouvait juste devant un magasin de baskets qui venait d’être canardé par les émeutiers. C’est pratique, j’ai pu faire mon marché à distance.»

Lu sur Mail & Guardian, Afrique Expansion