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En Tunisie, consulter un psy n'est plus tabou
C'est le signe d'une société gagnée par la déprime mais aussi la preuve que la parole se libère.
On dit souvent que les «révolutions arabes» ont fait tomber le mur de la peur. Dans la rue, tous osent parler, manifester, exprimer leur mécontentement et leur revendication. Ce qui n'était pas envisageable sous la présidence de Ben Ali en Tunisie ou d'Hosni Moubarak en Egypte. La libération de la parole se traduit même dans les esprits, à l'échelle des individus.
Acculés par une lancinante crise économique, les Tunisiens sont fatigués d'attendre les fruits d'une révolution menée il y a plus de deux ans. Le printemps arabe «aura surtout permis l'éclosion de la dépression et les Tunisiens vont de plus en plus chez le psychiatre», observe le correspondant de France Inter en Tunisie. Dans un reportage intitulé «le printemps arabe fait tomber le tabou des psys», il dresse le portrait d'un pays gagné par la déprime.
L'hôpital psychiatrique de Razi, le seul établissement de ce genre dans le pays, accueille de plus en plus de patients. Chiffres à l'appui, la psychiatre Anyssa Bouasker note que ses effectifs ont augmenté: cela s'explique notamment par le stress lié à la crise économique. Si cette augmentation est regrettable, elle manifeste également une libération de la parole à l'échelle intime. D'après la psychiatre, un tabou est tombé:
«En 2010, nous avons fait 110.000 actes de consultations; en 2011, 130.000 ; et en 2012, 147.000.»
Entendu sur France Inter