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La langue arabe, ce n'est pas la langue du sexe
Pourquoi est-il si difficile d'aborder la question du sexe dans la langue arabe, s'interroge l'écrivaine libanaise Jouma Haddad.
La langue arabe est comme une rose aux mille pétales: à chaque mot, mille synonymes. Ce qui fait dire à Joumana Haddad, auteure de plusieurs livres dont I killed Scheherazade, que les synonymes des mots «pénis» et «vulve» sont infinis dans la langue arabe.
Le problème est que les arabes ne les utilisent pas. A l'arabe, riche d'allégories, ils préfèrent l'anglais ou d'autres langues dès qu'il s'agit de parler de sexe. L'écrivaine s'étonne de voir une culture érotique arabe si peu exploitée par ses contemporains:
«Nous sommes arrivés à un point d'aliénation entre ce que nous expérimentons et ce que nous exprimons.»
Dans le dernier numéro du magazine Rukh, Joumana Haddad prend l'exemple du Liban mais celui-ci pourrait s'étendre à d'autres pays arabophones d'Afrique.
Comme dans ses livres, elle n'épargne pas la culture arabe gagnée par le machisme, l'hypocrisie et l'aliénation:
«Notre pudeur linguistique a atteint un tel niveau que vous pourriez penser que la plupart des Arabes, sinon la totalité, sont éthérés et surnaturels. Ils passent pour des entités nées sans corps...»
Lu sur Rukh