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La «diplomatie kebab» cuisinée à la sauce bulgare
Brïko Borrisov, le Premier ministre bulgare, peut se targuer d'avoir inventé le concept de la «diplomatie kebab». A la suite des attentats terroristes commis le 24 janvier 2011 à l’aéroport Domodedovo de Moscou qui ont causé 36 morts dont un ressortissant bulgare, il a tenu à rassurer ses compatriotes en affirmant qu’un «tel scénario ne menaçait pas la Bulgarie» grâce à «(sa) politique très équilibrée vis-à-vis du monde arabe, de la Palestine, et de tous ces pays avec qui nous entretenons des relations très proches et d’amitié».
Sans oublier apparemment les vendeurs de sandwichs turcs, puisque, a-t-il ajouté, «à chaque coin de rue, nous avons un vendeur de kebabs; j’espère que tous ceux qui commettent des actes terroristes en tiennent compte». D’où la fameuse «diplomatie du döner kebab», qui n’en finit pas de susciter des commentaires autant en Bulgarie qu’à l’étranger.
Alexandre Levy, auteur du blog Western Balkans, rapporte la réaction de l’écrivain et journaliste algéro-tunisien Akram Belkaïd [collaborateur régulier de Slate Afrique]. Son sang n’a fait qu’un tour dès lors qu’il a entendu certains propos de Borrisov, notamment au sujet de l’immigration maghrébine en Europe.
«Ton pays, cher Bourrïko, pose bien plus de problèmes à l’Europe que les immigrants égyptiens et tunisiens. C’est un fait, cette riche Europe qui a bien voulu admettre ton pays en son sein et dont l’aide ne cesse de s’évaporer sait très bien où sont ses vrais problèmes. Garde donc tes inquiétudes et occupe-toi de ton pays», conseille-t-il au Premier ministre.
A Borrisov qui disait «craindre un afflux d’immigrants cherchant à se rendre dans la riche Europe, à la suite des troubles en Egypte et en Tunisie», Belkaïd rappelle «déboires de la Bulgarie au sein de l’Union européenne».
La Bulgarie fait effectivement pâle figure au sein de l’Union Européenne, notamment à cause de ses mauvais résultats en termes de lutte contre la corruption et de liberté de la presse. Lors de la dernière réunion des ministres de l’Intérieur européens à Gödöllö (Hongrie), l’Allemagne a une fois de plus confirmé son veto à l’entrée de la Bulgarie dans l’espace Schengen.
Le 10 février 2011, les locaux de l’hebdomadaire d’opposition Galeria à Sofia (capitale de la Bulgarie) ont été visés par une attaque à la bombe. La rédactrice en chef Kristina Patraskhova y voit «une tentative d’intimidation du pouvoir politique». En janvier dernier, ce journal avait rendu public plusieurs séries d’écoutes téléphoniques mettant en cause la responsabilité du Premier ministre bulgare et de nombreux hommes politiques dans des affaires de corruption.
Lu sur Western Balkans