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La scène culturelle en danger au Maroc
Les espaces d’expression artistique ne reçoivent pas le soutien des autorités et menacent de disparaître.
Les artistes marocains ont un espace pour s’exprimer. Ce lieu, c’est la Fabrique Culturelle, installée dans des anciens abattoirs du quartier populaire de Hay Mohammadi, en banlieue de Casablanca. Le New York Times revient sur l’évolution du lieu et ses difficultés actuelles.
En 2008, un collectif d’artistes décide de reconvertir ce bâtiment désaffecté en centre culturel pour les jeunes, retrace l’article. Ce site gratuit et accessible à tous accueille toutes les formes d’art contemporain et leur ménage une place pour des ateliers ou des répétitions.
Pour Douna Benslimane, coordinatrice du projet interrogée par le New York Times, il s’agit de donner un espace de création à la nouvelle scène artistique marocaine. Ainsi, sont souvent organisés «des concerts, des projections de film, des concours de hip-hop»…
Mais malgré le succès croissant de ces soirées, la structure fait aujourd’hui face à des difficultés administratives, déplore le site. Les autorités de la ville, propriétaires du lieu, rechignent à officialiser sa reconversion. D’après l’article, la philosophie d’indépendance et de «démocratie citoyenne» prônée par la Fabrique culturelle, déplaît au gouvernement, tout comme ses activités, considérées parfois comme subversives (notamment le rap, forme d’expression appréciée des jeunes mais considéré comme «peu recommandable et dangereux» par les institutions).
Or tant que la situation n’est pas officialisée, les artistes ne peuvent pas collecter de fonds, explique l’article. Le PJD, parti islamiste qui dirige le gouvernement, s’estime peu concerné par les questions culturelles, note le New York Times. Les artistes sont donc coincés entre les lourdeurs hiérarchiques de la bureaucratie et les islamistes «qui veulent souvent que les arts soient censurés pour manque de respect ou obscénité», précise le site.
La Fabrique culturelle permet pour l’instant aux jeunes Marocains de faire entendre leur voix. Mais sans l’aval du gouvernement, ce lieu d’expression est en danger, conclut l’article.
Lu sur The New York Times