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Erythrée - Les autorités nient l'évidence de la famine
L’Erythrée continue à nier l’évidence, mais les preuves s’accumulent. Le pays est confronté à la même famine que ses voisins somaliens et éthiopiens. Pire, deux Erythréens sur trois souffriraient de la faim, selon des informations publiées par BBC News Africa, le 5 septembre 2011.
«Ces absurdités sur la sécheresse dissimulée en Erythrée sont complètements ridicules», affirmait encore le ministère érythréen de l'Information dans un communiqué rendu public fin août.
Alors que la sécheresse touche 12 millions de personnes dans la Corne de l’Afrique, les organisations internationales s’arrachent les cheveux pour savoir ce qu’il se passe réellement dans ce pays verrouillé de l’intérieur, qui continue à démentir toute crise humanitaire. Car l’Erythrée, c’est un peu la Corée du Nord en Afrique. L’opposition, comme les médias indépendants, y sont absents. Mais depuis quelques semaines, les témoignages se multiplient.
Le camp de réfugiés d'Endabaguna, dans le nord de l’Ethiopie, accueille de nombreux Erythréens épuisés après de longues journées de marche. Pour traverser la frontière, ils ont dû déjouer les patrouilles militaires qui quadrillent le secteur.
«Cette année, j'ai cultivé mais il n'y avait pas assez de pluie. Je ne sais pas ce qui va se passer, seul Dieu le sait», témoigne Mehreteab, l'un de ces réfugiés, qui a laissé sa femme et leurs trois enfants derrière lui.
«Il n'y a plus de nourriture ni de semence à la maison. Je n'ai aucune idée de ce qu'il va leur arriver», s'inquiète-t-il.
Des journalistes postés dans la région estiment qu’environ 900 personnes arrivent ainsi en Ethiopie chaque mois, surtout de jeunes hommes fuyant la conscription obligatoire à partir de 16 ans et un salaire de misère.
Le nombre d’enfants de moins de cinq ans en état de malnutrition aurait fortement augmenté. Et ce n’est pas tout. D’après les images satellites du Système d'alerte contre la famine, un programme financé par l'agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), l'absence de précipitations n'a pas épargné l'Erythrée cette année. Il aurait plu moins de 10% de la normale dans certaines parties du pays.
D’autant que ce pays, comme toute la sous-région, est frappé par une importante hausse des prix des denrées alimentaires —33% en 2010, selon le Fonds des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).Or l'Erythrée, qui importe la moitié de ces denrées, est particulièrement vulnérable aux fluctuations des prix des denrées de base comme le maïs, ajoute la FAO.
En revanche, difficile d’évaluer l’ampleur des conséquences. «C'est un trou noir pour nous. Nous ne savons pas ce qu'il s'y passe», confirme Matthew Conway, porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) à Nairobi. La plupart des agences des Nations unies comme des organisations humanitaires ont été mises à la porte il y a plusieurs années.
Lu sur BBC News Africa, AFP