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RDC - Des journalistes menacés de mort
Il ne fait pas bon être journaliste en République démocratique du Congo. A l’approche des élections générales, qui auront lieu le 28 novembre 2011, les menaces et les agressions se multiplient à Kinshasa, la capitale du pays. Dernier incident en date, deux responsables de l’organisation Journalistes en danger (JED) ont reçu des menaces de mort, révèle RFI le 5 septembre.
Les responsables de l'association, Donat M’Baya Tshimanga, le président, et Tshivis Tshivuadi, le secrétaire général, ont reçu un courrier électronique le 26 août, les accusant de se compromettre auprès de l’opposition… avant de les menacer de façon explicite:
«Nous savons que vous touchez de l’argent de l’opposition pour combattre le régime. Vous avez touché 50.000 dollars (environ 36.000 euros) pour combattre le jeune député Kisombe. (…) Bientôt vous allez payer pour cela. Vous et vos familles.»
Reporters sans frontières (RSF), partenaire de JED en République démocratique du Congo, s’est dit «profondément choqué»:
«Ces menaces sont intolérables et reposent sur un tissu de mensonges. Journalistes en danger est une organisation reconnue, respectable, dont le seul objectif est de défendre la liberté d’information et la sécurité des journalistes.»
«Elle le fait d’ailleurs avec courage depuis plus de dix ans et n’est ni manipulée ni partisane. Le "combat politique", tel qu’il est sous-entendu dans le message de menaces, ne la concerne pas», a déclaré l’organisation de défense de la presse et des journalistes.
Le 1er septembre, des policiers ont confisqué le matériel de quatre journalistes de radio Okapi, la radio onusienne, et de chaînes de télévision privées, avant de les passer à tabac, lors d’une manifestation de l’Union pour la démocratie et le progrès social, à Kinshasa.
Des évènements similaires avaient mobilisé la presse congolaise, début août, quand le député Yves Kisombe, avait proféré des menaces et des insultes graves à l’encontre de la rédactrice en chef de la chaîne RTVS1, Eugénie Ntumba.
La journaliste, qui voulait recueillir sa réaction après une lettre ouverte de l’opposition au Président Kabila, réclamant des élections transparentes, avait alors largement diffusé l’enregistrement de la conversation téléphonique.
En réaction, Journaliste en danger a lancé une marche de protestation le 26 août, dans les rues de la capitale, rassemblant un millier de journalistes. Les organisations de professionnels des médias, qui ont remis à Evariste Boshab, le président de l’Assemblée nationale, un mémorandum appelant à la déchéance du député, ont également décrété un embargo de six mois contre lui sur tous les médias congolais. Depuis cinq ans, neuf journalistes ont été tués en dans le pays.