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Funérailles d'un policier tué pendant les heurts, 15 août, au Caire. REUTERS/Muhammad Hamed
Funérailles d'un policier tué pendant les heurts, 15 août, au Caire. REUTERS/Muhammad Hamed

Pourquoi l'Egypte n'aurait pas dû briser les sit-in pro-Morsi

Quelques jours avant l'évacuation sanglante des places Rabaa al-Adawiya et Nahda, le journaliste égyptien Bassem Sabry appelait déjà l'Egypte à ne pas casser le sit-in des Frères musulmans.

Alors que le dernier bilan officiel fait état de plus de 600 morts, des Egyptiens s'interrogent. Pourquoi un tel carnage? Peut-on condamner la répression violente des militaires lorsque le Conseil suprême des forces armées administrait le pays en 2011 et passer sous silence celle qui vient d'avoir lieu contre les partisans du président déchu Mohamed Morsi? Dans les deux cas, des civils sont morts sous la férule d'un Etat militaire. 
 
Quelques jours avant l'offensive policière lancée contre les campements des places Rabaa al-Adawiya et Nahda, le journaliste égyptien Basem Sabry avait publié une tribune intitulée "Pourquoi l'Egypte ne devrait pas briser le sit-in des Frères" sur le site al Monitor. Avec son aimable autorisation, nous republions quelques extraits de la tribune. 
 
"Selon moi, et contrairement aux nombreuses voix qui s’élèvent en faveur d’une intervention de l’armée, mettre un terme aux sit-in par la force serait une ligne de conduite absolument dangereuse et contreproductive, surtout pour les hommes au pouvoir en Egypte(...)Premièrement, si l’objectif principal est bien de mettre fin aux sit-in, les expériences des deux dernières années montrent qu’utiliser la force aurait tout simplement l’effet inverse. Presque tous les sit-in et toutes les manifestations qui ont été dispersés par la force ont fini par se reformer, s’amplifier et se radicaliser."
 

"De plus, une fois les manifestants dispersés, il est toujours possible d’installer les sit-in ailleurs : soit l’armée les laissera tranquilles, trop occupée à gérer les retombées de la première intervention ; soit elle les dispersera à nouveau de sorte que le cycle se répètera."

(...) Et puis il y a la possibilité d'éventuelles représailles violentes. La majorité des islamistes égyptiens ne croit pas en la violence, mais une partie d'entre eux est prête à en faire usage, si nécessaire. L'augmentation des attaques aux checkpoints militaires du Sinai est un signe important de cette tendance. Une action par la force contre les sit-in serait probablement suffisante pour déclencher la réaction de ceux qui sont capables de conduire une campagne de violences.(...) Le retour d'un Etat policier serait presque inévitable. 
 
"Mis à part le traumatisme national que cela représenterait, et la radicalisation que cela pourrait entrainer, il pourrait y  avoir trois autres conséquences. Premièrement, les chances de trouver un compromis politique avec les Frères musulmans ou les islamistes (y compris le parti Nour qui jusqu’ici fait partie du mouvement du 30 juin, mais qui subi des pressions grandissantes) disparaitraient complètement."

Tribune du journaliste égyptien Bassem Sabry publiée sur le site al Monitor le 9 août 2013

Nadéra Bouazza

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Nadéra Bouazza

Nadéra Bouazza. Journaliste à Slate Afrique

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