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Pédophilie: quand le tabou est plus fort que la justice
A cause du poids du tabou, de nombreuses affaires de pédophilie sont passées sous silence.
L'affaire de pédophilie, mettant en cause le ressortissant espagnol Daniel Galvan, renvoie la société marocaine à ses propres failles. Dans un article publié dans son édition du 12 août, le quotidien Le Monde revient sur le tabou qui entoure les actes de pédophilie au Maroc et ce, dans toutes les classes sociales.
Pourquoi aucune image du quartier où vivait Galvan n'ont été montrées dans les médias locaux? Pour protéger les enfants, la réputation des familles. Au delà des précautions prises par les médias marocains, il existe bel et bien un malaise autour de ce sujet. Les familles préfèrent souvent faire l'autruche pour ne pas salir leur réputation.
Najia Adib, mére d'une enfant victime de pédophilie et présidente de l'une des deux seules associations marocaines spécialisées dans l'aide aux mineurs abusés sexuellement, Touche pas à mes enfants, peut en témoigner. Cette militante et mère de famille «énergique» s'est battue pour que le gardien d'école désigné coupable grâce à un test ADN soit puni par la justice. Or Najia Adib s'est entendue dire que «sa plainte était un complot pour faire fermer l'établissement.»
Même devant les tribunaux, alors que toutes les preuves concordaient à désigner le gardien comme coupable, l'affaire n'était pas réglée. C'est seulement après plusieurs sit-in organisés devant l'école et un procès en appel que l'auteur des faits écopera d'une peine de cinq ans de prison. Comment expliquer le laxisme de la justice marocaine? «Le problème, ce n'est pas la loi mais la perception de ce types d'actes. Ils ne sont pas considérés comme des crimes graves...», résume Maître Yassine Krari, avocat de l'association.
A cela s'ajoute le poids du tabou: celui qui pousse des familles à taire les actes de pédophilie dont leurs enfants ont été victimes, ou à trouver des arrangements à l'amiable.
Lu sur Le Monde