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Conclusions tirées de l’affaire #DanielGate
Après l'explosion de l'affaire #DanielGate, le pédophile espagnol si controversé, condamné il y a trois ans à 30 ans de prison ferme par la cour d'appel ; retourne finalement derrière les barreaux, cette fois-ci en Espagne, bien loin de la fameuse prison de Kénitra où il purgea le début de sa peine. La grâce royale octroyée au criminel a bel et bien été révoqué, une première au Maroc, une victoire pourtant au goût amer si peu anticipée par les manifestants.
Le roi Mohamed 6, en règne depuis 14 ans a commis l'erreur fatidique ;il a gracié un pédophile multirécidiviste, réprimé des manifestations pacifiques, a prétendu l'ignorance de l'atrocité des crimes commis, tout ça en moins de 48 heures, ce qui lui valut une chute de popularité des plus spectaculaires, le roi nommé jadis le roi des pauvres, est désormais désigné comme le roi des pédophiles.
L'acharnement et le dévouement des activistes pour la cause s'est avéré fructueux, l'affaire #DanielGate est sur toutes les lèvres, une mobilisation imposante, un tapage médiatique sans précédent, société civile et média indépendants fortement engagés, la notoriété du roi en a pris un sacré fouet, la sacralité symbolique est enfin tombée.
Une victoire que j'estime pourtant bien loin d'être gagnée car la phase actuelle nécessite, prudence, sagesse et lucidité, il s'agit d'inscrire un tournant dans l'histoire de ce peuple dont la dignité fut déchue.
Cependant, bien de loin de vouloir sauter aux conclusions hâtives, je me dois d'aborder, les questions & conclusions primordiales qu'a mis en relief l'affaire #Danielgate :
Bien que la grâce royale reconnue « Erreur « de la part du cabinet royale soit annulée, je me demande, comme doivent se demander de nombreux activistes et militants : Était-ce nécessaire de recourir à la force le soir du Sit-in Pacifique du 2 Août ? Dans un Maroc où l'on prône les libertés, où la constitution garantit le droit de manifester pacifiquement, (Art 16, Constitution 2011) le recours à la force est un acte inadmissible, injustifiable et qui doit être pénalisée.
Le second point qu'à attiser l'intervention abusive des forces de l'ordre est la déclaration à la fois révoltante et inquiétante, faite par le ministre de l'intérieur affirmant ne pas avoir donné l'ordre de répression.
Devrions-nous comprendre implicitement que le gouvernement en charge à présent est un gouvernement de façade, avec un ministre de l'intérieur qui affirme sans gêne son irresponsabilité, le porte-parole du gouvernement qui ne dispose d'aucune information valable pour éclairer l'opinion publique. Un ministre de la justice qui fait passer la libération d'un pédophile pour une affaire d'intérêt national, un chef de gouvernement non concerné et complètement déconnecté du scandale que connait le pays.
Que peut-on enfin espérer de cet organe exécutif qui bat de l'aile, un organe observateur d'un peuple indigné, un gouvernement qui sans scrupule applique la loi de l'omerta ?
Démission est le mot d'ordre, ni plus ni moins.
Autre conclusion tirée de l'affaire #DanielGate, la nécessité de faire réémerger la revendication majeure scandé par le mouvement du 20 Février : la monarchie parlementaire comme seule et véritable issue démocratique qui garantira au Maroc un avenir politique stable ;
L'exigence d'une réelle séparation des pouvoirs avec un système judiciaire indépendant est tout aussi astreignante vu les dernières défaillances auxquelles succombent le régime marocain, l'obligation notamment de responsabiliser les élus de la nation afin de garantir une reddition des comptes transparente.
Toutes ses revendications sont remises à l'ordre du jour par l'affaire #DanielGate. Qui sans équivoque a tiré la sonnette d'alarme, dans un Maroc où chaque institution doit se remettre en question et par conséquent, retrouver sa position naturelle.
Enfin, je voudrais revenir sur la revendication symbolique « des excuses officielles » à laquelle ont appelé les manifestants, certes, des excuses officielles en soi n'apporteront aucune valeur ajoutée au statu quo. Toutefois, l'acte recèle un caractère politique à la fois important et exigible dans chaque société, dans le sens où les excuses officielles de l'état au peuple auront un impact marquant sur le conscient collectif marocain dont la dignité fut honteusement affectée.
Les excuses ne devant point se limiter à la grâce octroyée à un pédophile, elles doivent contenir à mon avis l'ensemble des actes ayant porté atteintes aux droits de l'homme et à ses libertés.
Le combat continue
Par : Sarra El Idrissi
Cet article représente le point de vue de l’auteure et ne reflète pas nécessairement la position du collectif Mamfakinch.