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Salimata Diabaté, la diva burkinabè du balafon

L’histoire de Salimata Diabaté est de celles que les griots d’Afrique de l’Ouest auraient pu chanter. Celle d’une jeune femme qui a bravé tous les interdits et s’est battue pour s’imposer dans l’univers fermé des percussionnistes sahéliens.

Mais c’est plutôt L’Express du Faso, un quotidien burkinabè, qui consacre un portrait à cette femme de 28 ans, née dans un village près de Bobo-Dioulasso, au sud-ouest du Burkina Faso, dans l’ethnie Sambla.

Comme le souligne le site Monburkina, les Sambla sont connus pour être de grands virtuoses. Ce sont notamment de grands joueurs de xylophone africain, encore appelé balafon. C’est dans cet univers que la jeune Salimata a grandi. L’Express raconte qu'à l’âge de cinq ans, elle accompagnait déjà son père qui se produisait lors des cérémonies de baptême ou de mariage.

La petite fille se prend d’intérêt pour les instruments de musique traditionnelle. Pourtant, comme dans tout le pays, la coutume des Sambla interdit aux femmes de jouer du djembé (tambour) —et encore moins du balafon. Salimata Diabaté confie que son père a usé de toutes les stratégies pour l’éloigner de cet univers réservé exclusivement aux hommes:

«Il m’en empêchait en m’envoyant laver les assiettes. Je le faisais très rapidement afin de pouvoir le rejoindre au cabaret.»

Mais rien n’y a fait. La jeune fille apprend donc à jouer du balafon en cachette, jusqu’à ce que se produise un grand malheur:

«Tous mes grands frères à qui mon père devait léguer son savoir sont décédés. Il ne restait que mes deux petits frères et moi», raconte-t-elle.

Voilà donc comment, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le père de Salimata lui confie les secrets de son art et l’incite à se produire dans les cabarets et les mariages, pour pouvoir nourrir la famille.

Aujourd’hui, elle est l’une des plus grandes virtuoses burbinabè du balafon au milieu de mastodontes masculins, dans un pays où presque toutes les femmes sont des divas de la chanson. Avec l’appui de la célèbre chorégraphe Irène Tassembedo, elle crée sa propre formation en 2008, Afro Faso Jeunesse, avec laquelle elle obtient de nombreux prix à travers tout le pays.

Mais son talent, s’il est de plus en plus reconnu, ne fait pas taire les critiques et les commentaires sexistes, explique la jeune balafoniste:

«D’aucuns disaient même que je ne suis pas une femme, mais plutôt un homme. Des femmes me disaient de me caser au lieu de me promener avec le balafon dans des cabarets. Aujourd’hui, ce sont elles qui m’envient et souhaitent même devenir comme moi.»

Lu sur L’Express du Faso, Monburkina.com