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«Les discours anti-américains existent dans tout le monde arabe»
Les slogans anti-américain sont présents dans tout le monde arabe, même chez des pays alliés des Etats-unis comme l'Egypte ou l'Arabie Saoudite.
En cette fin de ramadan, l’avenir de l’Egypte demeure toujours incertain. Des émissaires européens et américains se succèdent dans la capitale égyptienne pour amener les deux parties à davantage de concessions. Mais cette médiation internationale est pour le moment un échec: mercredi 7 août, le pouvoir intérimaire a demandé aux partisans du président islamiste Mohammed Morsi de se disperser «rapidement» sur les deux places du Caire qu’ils occupent, menaçant de les déloger par la force.
Les chancelleries internationales semblent ne pas avoir d’impact sur la trajectoire du bateau égyptien, à la dérive depuis le 3 juillet dernier, date à laquelle le président islamiste Mohammed Morsi a été déposé par l’armée égyptienne. A cela, s’ajoutent les manifestations et les diatribes anti-américaines qui pullulent dans la rue et les médias égyptiens. Mais cela est-il suffisant pour parler de remise en question du couple Egypte-Etats-unis dans la région? Faut-il prendre au sérieux les menaces du Congrès américain de suspendre l’aide allouée à l’Egypte?
«Les rapports entre les Etats-unis et l’Egypte peuvent s’effriter dans le détail, mais l’Egypte demeure une pièce clé de la diplomatie américaine, observe Alain Gresh, directeur adjoint du Monde diplomatique. Les piliers de cette relation sont très anciens et n’ont pas été discutés, ni par Hosni Moubarak, ni par le Conseil suprême des forces armées, ni par les Frères musulmans. Il s’agit de la garantie de la paix israélo-arabe et la coopération étroite avec l’armée égyptienne à laquelle les Etats-unies concèdent une enveloppe d’1,3 milliard de dollars. La fin de cette coopération serait contraire à l’armée égyptienne.»
Slogans anti-américain
Cette proximité n’a jamais empêché un antiaméricanisme profond dans la société égyptienne et ce, bien avant l’élection des Frères musulmans en juin 2012. «Les Egyptiens n’aiment pas l’Amérique», résume le journaliste égyptien Bassem Sabry sur le site d’information Al Monitor. Les laïcs et les libéraux reprochent le soutien de l’administration américaine aux Frères musulmans au lendemain de la révolution égyptienne. De leur côté, les Frères musulmans disent avoir été doublement trahis: une première fois sous l’ ère Moubarak quand les Etats-unis soutenaient un régime dictatorial au nom de la lutte contre l’islamisme. Une deuxième fois, le 3 juillet dernier quand l’administration Obama n’a pas condamné le coup d’Etat contre le président Mohammed Morsi. Sur une récente vidéo publiée sur YouTube, on peut voir une jeune femme danser au rythme d’une chanson fustigeant la politique des Etats-unis dans le monde arabe. Le président américain Barack Obama y est présenté comme un défenseur du terrorisme et un fervent soutien des Frères musulmans. Publiée le 30 juillet, la vidéo comptabilise déjà plus de 400 000 vues. « Le sentiment anti-américain est prégnant dans toute la région, même dans un pays allié des Etats-unis comme l’Arabie Saoudite», précise Alain Gresh.
Nadéra Bouazza
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