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Mohammed Ali al-Bahbahy, le libraire de Tripoli

Pendant 42 ans, Mouammar Kadhafi a régné d’une main de fer sur la Libye. Sous le joug de la dictature, l’accès à la culture était très difficile. Certains hommes ont néanmoins bravé l’autorité pour apporter un peu de connaissance dans le pays.

Le 31 août, Afriquinfos racontait l’histoire de Mohammed Ali al-Bahbahy, un passionné de littérature qui, en 1995, a décidé d’ouvrir une librairie au coin de la place verte de Tripoli.

Ce fou de lecture a appris à lire dès trois ans en parcourant le Coran avec son grand-père, et passé toute son adolescence à dévorer des livres historiques. Après des études dans des académies militaires, Bahbahy entre dans l’armée. Quand Kadhafi prend le pouvoir en 1969, le jeune officier est plein d’espoir. Sur cet événement, il déclare:

«Nous étions alors très heureux d’avoir la révolution… mais il l’a volée.»

Rapidement, celui qu'on surnomme alors le Guide procède à des épurations au sein de l'armée; les officiers éduqués ne sont plus les bienvenus. En 1979, Bahbahy quitte l’armée, et en 1995, le Libyen trouve sa vocation en lançant sa librairie. Protégé par son ancien passé militaire, il ne sera jamais inquiété par les services secrets, qui le supposent partisan.

Sur les étagères de sa boutique, les tomes de l’Encyclopédie Britannica côtoient des thrillers américains. Le libraire dispose même d’exemplaires du Livret Vert (le manifeste politique de Kadahfi) en plusieurs langues.

«(Il) a été traduit en 45 langues, plus que le Coran. Kadhafi se considérait comme l'empereur du monde et il voulait que ses théories touchent tout le monde», affirme le libraire.

Car si Kadhafi a tout fait pour limiter l’accès à la culture en Libye, il a en revanche voulu se faire passer pour le chantre de la littérature arabo-africaine. En 2007, il crée même le «Prix Kadhafi international de littérature».

La chute de Kadhafi ouvre de nombreuses perspectives, et Bahbahy compte bien profiter des nouvelles libertés pour s’adonner ouvertement à sa passion:

«Maintenant je suis libre, j'ai envie de lire des livres historiques qui couvrent tous les côtés.»

Lu sur Afriquinfos