mis à jour le
Les moustiques tanzaniens portés disparus
Les moustiques feront-ils bientôt partie des espèces en voie d'extinction en Afrique de l’Est? A la stupeur générale, un article de BBC News évoque la mystérieuse «disparition» de l’Anophèle, l'espèce qui transmet le paludisme.
En 2004, dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs avaient capturé 5.000 spécimens dans leurs pièges. En 2009, ils ne sont que… 16. Alors que s’est-il passé dans ces deux communautés du nord de la Tanzanie —où le paludisme est endémique— observées par les scientifiques?
Aucune mesure de prévention type moustiquaires imprégnées n’a pourtant été prise dans ces villages au cours de l'étude. Conclusion des scientifiques: l’homme serait donc étranger à ces disparitions. Restent les causes naturelles.
Hypothèse n°1: l’origine météorologique. Des pluies chaotiques et surtout hors saison pourraient avoir perturbé le cycle naturel des insectes. Mais selon BBC News, l'auteur principal de l’étude, Dan Meyrowitsch de l'université de Copenhague, reste circonspect:
«Personnellement, je ne pense pas que cela peut expliquer une baisse si spectaculaire des moustiques, puisque nous pouvons dire que les insectes vecteurs du paludisme ont presque été éradiqués dans ces communautés».
Hypothèse n°2: l’origine sanitaire. Les moustiques pourraient être eux-mêmes atteints d’une maladie. Là encore, le scientifique préfère ne pas trancher:
«Il peut y avoir une maladie parmi les moustiques, un champignon ou un virus. Il évoque même un facteur environnemental indéfini: «Il peut y avoir eu quelques changements dans l'environnement des communautés qui aient entraîné une baisse du nombre de moustiques.»
Le flou le plus complet règne donc sur cette disparition —qui pourrait d’ailleurs ne pas en être une et se résumer à une simple «éclipse» de moustiques. Mais si les insectes porteurs de la maladie réapparaissent, le risque de propagation du paludisme serait alors démultiplié:
«Si la population de moustiques commence à revenir […], il est fort probable que nous aurons une épidémie de paludisme avec un niveau plus élevé de morbidité et de mortalité, surtout parmi ces enfants qui n'auront pas été exposés [aux piqûres de moustiques depuis leur naissance]», explique Dan Meyrowitsch.
Néanmoins, les scientifiques ont des preuves témoignant que les observations tanzaniennes ne sont pas un cas isolé en Afrique de l’Est. D’ailleurs, le paludisme recule en Tanzanie, Erythrée, au Rwanda, Kenya et en Zambie.
Lu sur BBC News, Malaria Journal