mis à jour le
Kadhafi et les services français de cybersurveillance
Les relations de Kadhafi avec les puissances occidentales n'en finissent pas de révéler leurs secrets. On apprenait le 30 août 2011 que pour se protéger du système de surveillance américain Echelon, Mouammar Kadhafi s'était tourné vers la France pour lui acheter un service de contrôle du Web très sophistiqué, rapporte le site Fhimt.com.
C’est The Wall Street Journal (WSJ) qui a dénoncé initialement la participation de la société française i2e/Amesys, qui semble avoir fourni au dictateur divers outils de contrôle en matière de cybersurveillance.
Le blackout d’Internet survenu en février en Libye lors des premiers soulèvements est le résultat d’un système étroitement rodé. Les connexions fonctionnent de nouveau à Tripoli depuis quelques semaines, et c’est là-bas, dans une pièce laissée à l’abandon au sein de l’ancien Centre de surveillance de l’Internet et de la sécurité interne que les deux reporters du WSJ ont enquêté.
A peine entrés dans l'immeuble, une panneau indique: «Aidez à garder nos affaires classées secrètes. Ne discutez pas d’informations confidentielles en dehors du siège»
Les journalistes ont mis la main sur les dossiers du système Eagle de la société Bull/Amesys, qui permettait de contrôler à la fois les boîtes mail et les conversations instanées, ainsi que les vidéoconférences effectuées avec Skype.
Cette filiale est liée à l’homme d’affaires Ziad Takieddine, un marchand d’armes qui a introduit le système en 2006 en Libye, notamment pour permettre au pays de se protéger contre la surveillance américaine. Le millionnaire est actuellement mouillé dans des affaires de trafic d'armes et connu pour ses bonnes relations avec Nicolas Sarkozy.
Boeing et sa filiale Narus sont aussi mis en cause, ainsi que des filiales étrangères comme le chinois ZTE Corp ou le Sud-Africain VAS Tech. Selon l’article du WSJ, la filiale française Bull s’est abstenue de tout commentaire, tandis que Narus a nié toute implication.
Au sous-sol, les reporters ont trouvé des centaines de dossiers sur les activités d'internautes libyens. Les échanges de mails et chats d'activistes anti-Kadhafi étaient surveillés dans les moindres détails. Quant aux conversations téléphoniques, elles étaient contrôlées par un bureau qui surveillait près de 30 millions d'appels par mois.
Lu sur Fhimt, The Wall Street Journal