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Benghazi toujours sous tension après deux explosions
Évasion de prisonniers, assassinats politiques... et depuis la nuit dernière, un double attentat.
Deux puissantes explosions se sont produites dans la soirée du dimanche 28 juillet dans le périmètre du palais de justice de Benghazi, faisant treize blessés, selon une source médicale de l'hôpital al-Haouari, dans cette ville de l'est de la Libye.
Les deux explosions ont eu lieu au moment de la rupture de jeûne du ramadan, selon Mohamed Hijazi, porte-parole des services de sécurité à Benghazi. M. Hijazi a jouté que les détonations «sont dues à l'explosion de deux valises d'explosifs». Des témoins ont indiqué à l'AFP que les habitations à proximité avaient subi des dégâts importants.
Climat tendu
Ces deux explosions interviennent dans un climat troublé, au lendemain de l'évasion spectaculaire d'environ 1.300 détenus d'une prison à Benghazi samedi 27 juillet. Selon des sources des services de sécurité, la plupart des fugitifs étaient des détenus de droit commun. Mais certains étaient détenus pour des affaires liées à l'ancien régime de Mouammar Kadhafi.
Le pays est déjà sous tension à cause d'une série d'assassinats politiques, dont ceux d'officiers de l'armée et d'un militant hostile aux Frères musulmans. Des milliers de Libyens ont défilé à Benghazi dans la nuit de vendredi à samedi pour protester contre le meurtre de l'avocat Abdelsalam al Mosmary, tué par balle à la sortie d'une mosquée quelques heures auparavant.
Les manifestants ont scandé des slogans anti-islamistes contre les Frères musulmans, accusés d'être responsables de l'instabilité du pays. Ils ont saccagé et incendié les locaux des deux principaux partis libyens: le Parti pour la justice et la construction (PJC), bras politique des Frères musulmans libyens, et son rival, l'Alliance des forces nationales (AFN, libérale).
Le pays n'est pas sorti de la violence
La cible de l'attaque de dimanche, le palais de justice, est un lieu hautement symbolique: il est situé sur la place centrale de Benghazi, sur le front de mer, qui a été l'épicentre de la contestation contre le régime du dictateur déchu Mouammar Kadhafi en 2011.
C'était sur cette place, rebaptisée place de la Liberté, que les opposants devenus ensuite des rebelles avaient défié l'ancien régime. Des manifestations de soutien à l'insurrection y ont été organisées régulièrement durant les huit mois du conflit libyen.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, la région de l'est libyen, berceau de la révolution libyenne, a été le théâtre de plusieurs explosions et d'une vague d'assassinats et d'attaques ciblant des juges, des militaires et des policiers ayant servi sous le régime déchu.
Des actions ont également été menées contre des diplomates et des intérêts occidentaux: l'assassinat d'un ambassadeur américain, tué le 11 septembre 2012 lors d'un attentat à la roquette à Benghazi et la fusillade contre la voiture du consul de France, dont il est sorti indemne.
Slate Afrique avec AFP