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Nina, la vraie star de la présidentielle malienne
La carte d'électeur biométrique est plus connue que tous les 27 candidats au scrutin du 28 juillet.
La campagne électorale pour la présidentielle malienne du 28 juillet s’achève ce vendredi. Parmi les vingt-sept candidats au scrutin, seules quelques rares personnalités étaient déjà connues du grand public, pour avoir occupé des fonctions ministérielles. Pour le reste, il s’agit d’illustres inconnus, qui ont bien peiné à présenter leur programme.
De fait, les candidats au scrutin ne sont pas apparus comme les vraies stars du processus électoral. Même après le vote de dimanche, le nom que l’on retiendra sera certainement Nina. Ainsi se nomme la carte d’électeur mise en place pour l'occasion.
Il s’agit d’une carte biométrique (Nina, Numéro d’identification nationale), de fabrication française, conçue pour permettre aux Maliens de voter, et valable 10 ans. Elles comportent une photographie du titulaire, son identité et un numéro attribué. Surtout Nina se veut un vrai rempart contre la fraude.
8 millions de Nina auraient ainsi été commandées par le Mali. Mais le processus de distribution desdites cartes a provoqué une telle confusion que, à la veille du scrutin, seulement plus de 6 millions de cartes auraient été distribuées à travers le pays.
Pourtant, d’après des révélations du journal Le Républicain, il existerait près de 2 millions de Nina vierges, sans identité réelle. Or, ajoute Le Républicain, certains états-majors de partis «seraient à la manœuvre pour faire main basse sur ces cartes vierges à des fins frauduleuses».
Un autre journal, Le Combat évoque, lui aussi, des tentatives de fraudes sur Nina:
«A Sogoniko, des individus font du porte à porte pour retirer ou relever les numéros d’identification des cartes NINA. A Banankabougou également, une dame aurait retiré plus de 60 cartes aux électeurs. Sa démarche consiste à trouver les partis politiques, afin de leur proposer un nombre de votants contre l’argent. Les titulaires desdites cartes reçoivent 3.000 francs CFA (moins de 5 euros) par électeur et la dame encaisse les 2.000 francs CFA (3 euros) par carte»
L’inquiétude est telle que l’un des candidats, Soumaila Cissé, avait déjà tiré la sonnette d’alarme, le 23 juillet, sur son compte Twitter.
J'ai informé de la fraude massive en préparation avec plus de 1.900.000 cartes Nina sans photo #Mali
— Soumaila CISSE (@Soumailacisse) July 22, 2013
Les autorités maliennes et la commission électorale jurent leurs grands dieux que Nina est en sécurité et qu’il sera difficile d’organiser la moins moindre fraude.
«Le reliquat de cartes qui n’a pas pu arriver au Mali est stocké en France par la société qui les a fabriquées», a déclaré le ministre de l’Administration territoriale malien, ce vendredi.
La distribution des cartes, jugée «cahotique» par les reporters de la BBC, se poursuivra jusqu’à la veille du scrutin, le 27 juillet. Nina, présentée comme la coqueluche de la présidentielle malienne, risque d’être celle par qui la discorde peut arriver. Elle comporte un défaut, comme le rappelle la BBC:
«Le nom du bureau de bote de l’électeur n’y figure pas. Il faut attendre de le recevoir par SMS.»
Pour retrouver son bureau de vote composer par SMS: ELE (espace) Numéro carte #NINA (espace) nom de famille.... #Mali http://t.co/B7kJEPipAr
— Malijet (@Malijetactu) July 24, 2013
Bonjour les risques de confusions et bon vote!
Slate Afrique