mis à jour le

Tunisie: qui était l'opposant Mohamed Brahmi?
Il n'avait pas la popularité d'un Chokri Belaïd, mais il n'a cessé de bousculer les islamistes d'Ennahda.
Peu de temps après l'annonce de l’assassinat de l’opposant Mohamed Brahmi, l’une de ses filles a laissé entendre que les auteurs seraient deux individus à bord d’un deux-roues de type Vespa. Un point confirmé dans un communiqué par les autorités.
Mais l’identité de ceux qui ont tué Mohamed Brahmi de onze balles dans la tête ce 25 juillet, alors qu’il sortait de son domicile de Tunis, n’est pas encore connue. Encore moins les mobiles de l’assassinat.
Toujours est-il que Mohamed Brahmi commençait à donner du fil à retordre aux islamistes d’Ennhada, au pouvoir en Tunisie depuis la chute de Ben Ali. Député de l’Assemblée nationale constituante tunisienne, Mohamed Brahmi était aussi le chef d’un parti d’opposition de gauche, le Mouvement populaire.
Vif et déterminé
Né en 1955, dans la région de Sidi Bouzid, là même où a commencé la révolution tunisienne, le député de gauche était enseignant d’économie et de gestion. Son engagement en politique coïncide avec ses années universitaires au cours desquelles il intègre le mouvement des étudiants arabes progressistes et unionistes. C’est après la révolution qui a chassé l’ex-dictateur Ben Ali du pouvoir qu’il crée le Mouvement du peuple.
Elu député à l’Assemblée nationale constituante tunisienne, Mohamed Brahmi n’a de cesse de critiquer les dérives du parti islamiste Ennahda (au pouvoir). Son opposition radicale l’amenait bien souvent à employer un langage pour le moins fleuri. Lors d’une interview à la Radio Mosaïque, il avait notamment dit vouloir «émasculer les institutions de l’Etat».
Ancré à gauche
Certes, il n’avait pas la popularité d’un Chokri Belaïd, tué 6 mois avant lui, quasiment dans les mêmes circonstances. Mais Mohamed Brahmi ne faisait aucune concession au pouvoir en place. Il avait notamment rejoint le mouvement Tamarrod, qui s’était lancé en Tunisie, de la même façon qu’en Egypte, et qui exige la dissolution de l’Assemblée constituante et le départ d’Ennahda.
Le leader de ce parti, Rached Ghannouchi a déclaré que le meurtre de Brahmi était «un meurtre contre la Tunisie et la démocratie» et que, à travers cela, on cherchait à «mettre la Tunisie dans l’instabilité et pousser les Tunisiens à s’accuser les uns les autres.»
R.M