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Marche des hommes contre les violences envers les femmes, Afrique du Sud, 2001 / REUTERS
Marche des hommes contre les violences envers les femmes, Afrique du Sud, 2001 / REUTERS

Les Sud-Africains apprennent à ne plus être machos

Le pays prend conscience qu'il faut agir pour enrayer le flot des violences faites aux femmes.

L'Afrique du Sud est connue pour son fort taux de viols, l’un des plus élevés au monde. C’est également dans ce pays que se produisent des crimes violents en masse. Pourtant, la nation Arc-en-ciel commence à réaliser la gravité de la situation, rapporte le site d’analyse humanitaire Irin.

Cette prise de conscience collective est due à un crime particulièrement brutal. Le 2 février 2013, Anene Booysen, une jeune fille de 17 ans, décède à l’hôpital après avoir été violée et violemment battue.

Cette agression sauvage a marqué les esprits de Bredasdorp, une ville rurale de 27.000 habitants située à environ 200 kilomètres du Cap. Symptomatique du problème des violences sexuelles en Afrique du Sud, cette affaire a attiré l’attention des médias et des politiciens.

Ennui et malaise social

Selon la police locale interrogée, les agressions sont principalement dues à l’alcool. Les habitants de Bredasdorp sont pauvres et désœuvrés: ils trouvent un exutoire dans l’alcool et c’est dans ces conditions que les pires dérives surgissent, souligne l’article.

Dans la plupart des cas d’agressions sexuelles recensés par la police locale, la victime et l’agresseur se connaissent et sont tous deux sous l’emprise de l’alcool. D’après Irin, les femmes sont réticentes à porter plainte dans de telles circonstances, notamment lorsque l’agresseur est un proche ou que la famille de l’agresseur a acheté leur silence. La police estime donc que la majorité des cas de viol n’est pas portée à sa connaissance.

En plus du manque d’activité, qui pousse les garçons à fréquenter les bars et autres lieux alcoolisés, Irin évoque également le malaise social qui règne dans l'ensemble du pays. Le taux d’abandon scolaire est très élevé, entre 60% et 70% car les perspectives d’emploi sont minces, les familles monoparentales sont nombreuses…

Dans ces conditions, les jeunes hommes développent une mauvaise perception de la femme: ils ont un père absent ou violent, dont ils auront souvent tendance à reproduire le comportement. Le reportage d'Irin évoque aussi un accès trop facile à la pornographie, qui véhicule une image erronée des femmes.

Certaines ONG locales, comme Hands On, travaillent dans l’optique d’offrir un accompagnement à ces jeunes désœuvrés, que ce soit pour leur fournir une figure paternelle ou un plan pour poursuivre leur scolarité, détaille l’article.

Changement de mentalités

Mais ces initiatives manquent encore de moyens. Il n’y a que deux travailleurs sociaux pour toute la municipalité. Les ONG se plaignent de l’insuffisance des fonds publics accordés au développement des jeunes et à la prévention des abus, déplore Irin.

Mais la mort tragique d’Anene Booysen pourrait faire évoluer la situation: un foyer d’hébergement pour les victimes de violences liées au genre est en projet et le ministère de l’Enseignement supérieur a investi 10 millions de rands (environ 800.000 euros) dans un centre de développement et d’acquisition des compétences, qui portera le nom d’Anene Booysen, en hommage à la jeune fille assassinée.

En plus de ces actions positives, une responsable de la municipalité de Bredasdorp sollicitée par Irin note surtout un changement de mentalité: les victimes osent enfin parler, les citoyens s’impliquent davantage dans la sécurité… Et de conclure:

«Je crois que Bredasdorp est devenue la conscience de l’Afrique du Sud»

Lu sur IRIN

Slate Afrique

La rédaction de Slate Afrique.

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