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Sénégal - Les oubliés de la Sotrac vendent leur vote au plus offrant
Au Sénégal, Le Lu Jot Yomb «monnaye ses suffrages» pour la présidentielle de 2012, titrait SudOnline le 24 août 2011. Ce mouvement citoyen a été créé par les travailleurs sénégalais de l’ex-Sotrac (Société des transports du Cap-vert) non par adhésion politique, mais pour une cause sociale: il est né après treize ans de bataille juridique pour obtenir gain de cause sur une affaire de différentiels de salaires lors de la liquidation de la société sénégalaise.
Selon Talibouya Ouattara, président du rassemblement des travailleurs, Lu Jot Yomb a été constitué «pour être une force politique capable d’influer sur les décisions de février 2012. Nous ne sommes affiliés à personne. Nous ne soutiendrons que celui qui nous donnera une raison de le soutenir, c’est-à-dire satisfaire nos revendications».
L’affaire de la Sotrac concerne 2.182 travailleurs, qui ont vu leur entreprise liquidée en 1998 mais n’ont pas bénéficié des arriérés de salaire depuis 1992, qui représentent 14 milliards de francs CFA (environ 21 millions d'euros). Ils réclament cette somme à l’Etat sénégalais depuis plusieurs années, notamment à Abdoulaye Wade, l'actuel président élu en 2000.
Après 10 ans de lutte, de grèves et de sit-in, les agents de l’ex-Sotrac avaient été dédommagés de 5 milliards de francs CFA en 2009. Mais ils réclament toujours les 9 milliards restants.
En 2007 et 2008, des agents de la société avaient entamé une grève de la faim pour revendiquer leurs droits. Depuis le début de leur combat, «487 [agents] sont déjà morts, 67 (sont) devenus des fous errants dans les rues de Dakar», indiquait en 2008 le porte-parole des travailleurs.
Le mouvement citoyen qui fait écho à leur bataille juridique n’est pas anodin au Sénégal, où d’autres mouvances se mobilisent actuellement pour s’opposer à la candidature d’Abdoulaye Wade en 2012. Des producteurs d’oignons aux associations d’handicapés, la société civile se mobilise via des campagnes médiatiques ou des mouvements comme Y'en a marre!. Ils se sont regroupés autour du Mouvement du 23 juin, qui comprend partis politiques, membres de la société civile et représentants syndicaux, pour exprimer un ras-le-bol général.
Lu sur SudOnline