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Les Algériennes ne sont pas des citoyennes de seconde zone
Un rapport sur les inégalités hommes/femmes dans le monde place l'Algérie en piètre position.
Il ne fait pas bon être une femme en Algérie. Le rapport Global Gender Gap, publié en octobre 2012 par le Forum économique mondial, établit des statistiques sur les droits de femmes dans le monde: l’Algérie s’y classe à la 120e place sur 135 pays, rapporte le quotidien El Watan.
Et cette situation ne va pas en s’améliorant puisque le pays occupait le 97e rang en 2006 et n’a cessé de chuter depuis, précise le journal. Il se situe aujourd’hui derrière d’autres Etats du monde arabe comme le Koweit, le Qatar, la Mauritanie ou les Emirats Arabes Unis.
Sans surprise, rapporte l’article, les pays scandinaves forment le peloton de tête, avec l’Islande en première position, suivie de la Finlande, la Norvège et la Suède. Les dernières places sont occupées par le Tchad, le Pakistan et le Yemen.
Sur les quatre facteurs permettant de mesurer l’écart de situation entre les hommes et les femmes, l’Algérie occupe le bas du tableau, estime le site. Pour ce qui est des opportunités de travail et du pourcentage de femmes dans les postes à responsabilité, le pays échoue à la 131e position. Il détient la 103e place en matière d’éducation des filles et 108e rang pour la santé et l’espérance de vie féminine.
La bonne surprise se situe en revanche au niveau de la participation politique des femmes. Avec l’augmentation record du nombre de femmes au Parlement, passant de 8% à 32% en 2012, l’Algérie grimpe jusqu’au 57e échelon du classement, affirme El Watan.
Les femmes ne sont pas des mineures
Une chef d’entreprise dénonce ce paradoxe dans l’hebdomadaire Jeune Afrique: les femmes sont très présentes dans les professions de la magistrature et de la police mais pourtant, elles sont toujours traitées comme inférieures aux hommes.
D’après le témoin sollicité par le journal, les femmes algériennes doivent respecter un couvre-feu dans certains villages. Si elles sortent dans les rues pendant les heures réservées aux hommes, elles s’exposent à des manifestations de mépris et des violences verbales voire physiques. Les femmes un peu trop «libérées» sont mal vues.
Des inégalités qui sont même établies par la loi, déplore l’article. Le code de la famille, promulgué en 1984 par le FLN, reprend plusieurs éléments de la Charia. Ainsi, en Algérie, la violence conjugale n’est pas forcément un délit et les femmes sont considérées comme mineures toute leur vie: elles doivent obtenir l’autorisation de leur tuteur avant de se marier, explique le journal. Malgré une timide réforme du code de la famille en 2005, les associations ne s’estiment toujours pas satisfaites.
Il est urgent que l’Algérie agisse en faveur de l’égalité des femmes, conclut El Watan, d’autant plus que le rapport Global Gender Gap établit une corrélation entre la réduction des inégalités sexuelle et la compétitivité économique du pays. En effet, explique le journal, «6 des 10 premiers pays les mieux classés dans l’indice mondial de compétitivité figurent dans le haut du classement 2012». Pour développer sa croissance économique, l’Algérie devra apprendre à faire une place aux femmes.
Lu sur El Watan et Jeune Afrique